Rapts, agressions, vols à l'étalage, culture et consommation de drogues, falsification de documents, pédophilie, prostitution sont des délits commis quotidiennement. Depuis le «règlement» de la crise, qui a ébranlé la région, l'institution de la Gendarmerie nationale redore son blason pour occuper aujourd'hui sa place dans la société. Après un «retrait», les gendarmes reviennent doucement mais sûrement. Un avis que ne partage pas le colonel Dramchia qui ne cesse de répéter: «Nous n'avons jamais quitté les lieux pour revenir par la suite.» C'était à une opération programmée par le commandement général de la Gendarmerie nationale que nous avons été conviés. Deux jours durant, nous avons accompagné les gendarmes en mission dans plusieurs localités. Les zones urbaines et suburbaines, les routes, les plages, autant de lieux qui nous ont permis de constater la lourde tâche des gendarmes dans leur mission de prévention et de sécurisation. Mardi 22 juillet. Il est 18 heures. Le colonel Dramchia fait le point sur le programme de sortie avant de prendre la route vers la côte est. Au programme, la sécurisation routière et des plages. Première halte au barrage filtrant d'El Maghra. C'est la brigade motorisée travaillant sous le commandement du colonel Mokrani qui officie ici depuis l'ouverture de la saison estivale. De par le passé, ce barrage était installé à l'entrée de Capri Tour. Depuis deux ans, il a été déplacé, judicieusement d'ailleurs, au carrefour d'El Maghra. Un endroit très animé en été et surtout présentant des risques importants pour les estivants et les habitants du village. Des examens de situation, contrôles des documents, fouilles de voitures, autant d'actions nécessaires pour sécuriser cet important axe routier. Ce sont les chiens qui font l'essentiel de la fouille à la recherche des stupéfiants. Durant près d'une demi-heure, plusieurs voitures seront ainsi contrôlées sur tous les plans. «Ces contrôles incitent par voie de conséquences les automobilistes à la prudence», explique ce gendarme comme pour dire que la prévention est l'arme la plus efficace dans la lutte contre les accidents de la circulation et surtout la falsification des documents. Jusqu'à Melbou (40 km du chef-lieu), la gendarmerie marquera par quatre fois sa présence sur la route. Tichy, Aokas, Lotta et Melbou, quatre barrages stratégiques entrant dans le cadre du Plan Delphine en cette période de villégiature. Au pont d'Aokas, la circulation est bloquée. Le commandant Mokrani demande qu'on dépêche une patrouille mobile. Très rapidement, celle-ci prend place à l'entrée du tunnel. Mission: rendre la circulation fluide. A l'assaut de la délinquance nocturne Un contrôle relève un défaut d'assurance. Rapidement un PV est dressé. De l'autre côté de la route, c'est une immatriculation louche qui attire l'attention des gendarmes qui procèdent immédiatement à un examen de situation. «L'outil informatique nous permet de vérifier rapidement et l'identité du conducteur et celle du véhicule», précise le chef de la brigade motorisée. A Lotta, l'adjudant Boukabousse, chef de brigade de Souk El Tenine fait le constat de la situation, mettant en exergue la sérénité des lieux. Il présentera sa brigade pédestre dont la mission est d'assurer la sécurité sur les plages et de lutter contre le pillage du sable. Pour cette dernière mission, la gendarmerie use d'une nouvelle technique. Il ne s'agit plus de surveiller le littoral, chose impossible de par son étendue mais d'opérer des inspections dans la ville et les villages et dès qu'un amoncellement de sable est repéré, on identifie son propriétaire qui, non seulement donnera son fournisseur mais sera également verbalisé. A la brigade de Melbou, troisième point de notre escale, les éléments sont déjà sur le qui-vive. Il était 20h 30 passées. Un plan d'action a été concocté et les gendarmes munis d'un chien renifleur ont pris place à l'entrée de la ville. «Cet endroit est un point réputé pour la commercialisation et la vente d'alcool et de drogue.». Deux postes sont installés sur les plages. Entre contrôles, recherches et explications, les gendarmes, se fiant à leur expérience et leur professionnalisme, repèrent rapidement les individus suspects. Les femmes des discothèques L'heure affiche 21h passées, ce mardi. Nous nous dirigeons en 4x4 vers le commissariat de Tichy. Dans une ville où l'insécurité est dénoncée, les éléments de la Gendarmerie nationale et de police ont du pain sur la planche. Plan Delphine par-ci, Plan Bleu par-là et patrouille permanente, la Gendarmerie nationale et la police ont repris du terrain sur la violence et les débordements connus pendant les périodes de chaleur. Moment de briefing. Le commissaire Tliba dresse le plan de l'opération. Barrages combinés à l'entrée et sortie de la ville. Patrouilles pédestres dans les deux sens de la Nationale 9 qui traverse la ville. Patrouille de plages. Très vite, le schéma est mis en place. Dans les artères de la ville, la vie est animée. La circulation est dense. Tout au long du parcours, des policiers sont postés et veillent essentiellement à la fluidité du flux de véhicules. La ville est calme. Nous choisissons de rejoindre la patrouille des plages. C'est là que se passe le gros de la délinquance. A notre grande surprise, la plage qui faisait office de lieu de bronzage le jour se transforme en dortoir la nuit. Des centaines de personnes dorment à même le sol. Auparavant un commerçant nous disait: «Allez-y sur les plages!» Il avait tout à fait raison. Sur des dizaines de contrôles d'identité, rares sont les occupants qui ont leurs papiers, et lorsque la pièce d'identité existe, son contenu est illisible. Les «embarquements» se font vers le commissariat où l'on commence par l'examen de toute les situations. «Légalement, la loi n'interdit pas à quelqu'un de passer la nuit sur la plage», précise un policier. Dans la nuit de Tichy, bizarrement, aucune des femmes aux moeurs légères n'a été vue. La présence policière a confiné toutes ces femmes du milieu dans les discothèques. Des lieux que nous n'avons pas visités car ne figurant pas au programme. De retour au commissariat, on a constaté beaucoup de monde. Des interpellations pour divers motifs ont été effectuées durant toute la soirée. Certains y passeront la nuit, d'autres seront relâchés. C'est le quotidien du commissariat d'une ville qui n'arrive pas à trouver son envol. Tichy peine à démarrer sa saison estivale Mercredi. Oued Ghir. Il fait beau. Mais la N 12 est engorgée de files interminables de voitures. La compagnie de Oued Ghir travaille de pair avec les douanes. Ce barrage de sécurité est important à plus d'un titre. Il suscite, certes, le courroux des automobilistes souvent pressés d'arriver à l'heure, «mais il est le filtre qui sert à sécuriser la vile, d'autant que les criminels sont passés à d'autres méthodes plus redoutables du crime organisé». Il est donc, selon lui, nécessaire de développer d'autres moyens aux fins de faire front à ces nouvelles méthodes criminelles. Le barrage est parfois équipé d'un radar et d'un détecteur de TNT. Il est le second point de contrôle pour les douaniers après celui effectué au port. Alors que la criminalité a souvent tendance à «prendre l'ascenseur» pour s'établir à des niveaux record, la tolérance zéro est d'ores et déjà décrétée. Délinquance, criminalité, prostitution et violence, «désormais, il faut que la crainte change de camp». Dorénavant, la stratégie consiste à étouffer le serpent dans son trou. C'est ce qu'a laissé entendre le colonel Dramchia, commandant du groupement de Béjaïa de la Gendarmerie nationale, à l'issue d'une opération coup-de-poing organisée dans la nuit de mercredi à jeudi dernier au niveau de la station balnéaire de Boulimat. Premier constat: la discothèque visitée est vide. Les commerces illicites ont fermé. Les gens ont été apparemment prévenus. La normalité de la situation laisse perplexe face à la réputation des lieux. Au centre touristique de Saket, le disc-jockey se trémousse à plein. Des estivants raffinés y passent des vacances tranquilles. De leur avis même, rien de spécial ne s'est produit cette année. 1 heure du matin passée. C'est l'heure de rentrer après une mission de deux jours avec les patrouilles de la Gendarmerie nationale. Le lendemain, les compteurs seront remis à zéro. Une nouvelle journée de travail commencera pour une mission permanente de prévention et de sécurisation.