Le président français a présidé hier le premier Conseil des ministres du gouvernement Valls II, purgé de l'aile gauche des socialistes, soulignant l'exigence de «cohérence» qui pèse sur chacun de ses membres. Un banquier à l'économie: symbole de la ligne désormais ouvertement social libérale de l'exécutif français, Emmanuel Macron, 36 ans, attirait tous les regards hier au lendemain de sa nomination dans le nouveau gouvernement, alors que des chiffres du chômage calamiteux étaient attendus dans la soirée. Son arrivée a été vue d'un bon oeil par les investisseurs, qui attendent néanmoins de juger sur pièces, mais a provoqué la méfiance voire la colère d'une partie de la gauche. «J'arrive tout auréolé d'une réputation qui m'est faite dans la presse (...). Jugez-moi sur les actes et sur les paroles. Il n'y a que ça qui compte», a déclaré l'intéressé lors de la passation de pouvoirs avec Arnaud Montebourg, débarqué du gouvernement en raison de ses critiques ouvertes des choix économiques du président socialiste. François Hollande a présidé hier le premier conseil des ministres du gouvernement Valls II, purgé de l'aile gauche des socialistes, soulignant l'exigence de «cohérence» qui pèse sur chacun de ses membres et les exhortant à «préparer l'avenir au delà de leurs mandats», manière d'inscrire leur action dans le long terme. «Il y a des débats entre nous, c'est nécessaire, mais ils doivent avoir lieu en conseil des ministres et dans les réunions du gouvernement», a-t-il déclaré. Les critiques ouvertes d'Arnaud Montebourg envers la politique de réduction des dépenses publiques ont provoqué l'implosion du gouvernement Valls I moins de cinq mois après son arrivée. L'arrivée d'Emmanuel Macron, 36 ans, un proche de François Hollande dont il fut le conseiller économique, qui a fait fortune en quelques années à la banque Rothschild, passé par la prestigieuse Ecole nationale d'administration (ENA) qui forme les élites françaises mais n'a jamais eu de mandat électif, a été accueillie avec méfiance, voire colère à gauche. Les frondeurs du Parti socialiste, qui réclamaient une politique plus sociale par un soutien au pouvoir d'achat présentée comme une alternative à la politique de soutien aux entreprises choisie par François Hollande, ont dénoncé une «provocation dérisoire». «Et alors, on ne peut pas dans ce pays être entrepreneur, banquier, commerçant, artisan?», s'est insurgé le Premier ministre Manuel Valls mardi soir, dénonçant «des étiquettes surannées et dépassées». Le député UMP (droite) Eric Ciotti, lui, a ironisé sur «le grand écart» de M.Hollande, qui avait lors de sa campagne électorale présenté la finance comme son «ennemie». Prévue de longue date, la visite du Premier ministre à l'université d'été du Medef hier après-midi prenait du même coup une importance particulière. Parmi les 33 ministres et secrétaires d'Etat, deux femmes de la même génération qu'Emmanuel Macron succèdent à deux proches de M. Montebourg, éjectés comme lui: Najat Vallaud-Belkacem, 36 ans, à l'Education (remplaçant Benoît Hamon) et Fleur Pellerin, 40 ans, à la Culture (après Aurélie Filippetti). La nouvelle équipe a la lourde tâche de sortir l'exécutif de l'une des crises politiques les plus profondes de ces dernières années. Les velléités du tandem Hollande-Valls d'élargir sa composition politique ont fait long feu. La majorité parlementaire, déjà fragilisée depuis trois mois par la «fronde» d'un groupe mouvant de quelques dizaines de députés socialistes, en sort précarisée. «La majorité, elle, sera là, il ne peut pas en être autrement», a assuré le Premier ministre, qui se soumettra à un vote de confiance de l'Assemblée «en septembre ou en octobre». «Si la majorité n'était pas au rendez-vous, ce serait fini, nous ne pourrions pas poursuivre notre oeuvre». Une dissolution? «Je ne l'imagine pas», a-t-il assuré.