La crise politique a atteint hier son paroxysme avec la démission du gouvernement de Manuel Valls. Excédé par les critiques émanant de son bord politique, Hollande a demandé à son Premier ministre de constituer un nouveau gouvernement qui respecte ses orientations économiques et politiques. Le trublion Montebourg ne devrait plus y figurer. C'est aujourd'hui, mardi, que le Premier ministre français, Manuel Valls, devrait dévoiler la composition de son nouveau gouvernement, suite à la démission de l'ancien à la demande du président Hollande. Hier, dans une courte déclaration, l'Elysée a annoncé que le gouvernement de Valls a démissionné en bloc et que le président Hollande lui a demandé d'en former un nouveau correspondant aux «orientations» économiques et politiques qu'il a lui-même définies. Cette énième crise politique au sommet de l'Etat français depuis mai 2012 est intervenue après les déclarations au vitriol d'Arnaud Montebourg à la fête de la Rose la semaine dernière dans le centre de la France. Le ministre français de l'Economie a critiqué les choix économiques du président Hollande et sa soumission quasi aveugle à la politique d'austérité imposée par Berlin. Aussi, a-t-il invité le président français à changer rapidement de cap et à mettre fin à la politique d'austérité qui a fait des ravages au sein de la société française, selon Montebourg. Ce dernier a également mis en cause le pacte de responsabilité et de solidarité dévoilé en janvier 2013 par le président français et dont l'objectif premier est de lutter contre le chômage qui touche plus de 10% des Français. Montebourg a dépassé les «lignes jaunes» Ce pacte, critiqué par Montebourg, les forces de gauche et les députés qui se situent à gauche du Parti socialiste, prévoit des aides financières et fiscales d'environ 40 milliards d'euros aux entreprises françaises. En contrepartie, ces dernières doivent s'engager à créer de nouveaux emplois. Or, du point de vue de Montebourg, ce pacte n'a pas donné les résultats escomptés et constitue un cadeau inattendu aux patrons français. Excédé par ces critiques, Manuel Valls a reconnu, dimanche soir, que son ministre de l'Economie a dépassé les «lignes jaunes», annonçant dans la foulée qu'il allait agir vite pour mettre fin à cette cacophonie gouvernementale. Par ailleurs, une autre charge aussi violente que celle de Montebourg est venue de Benoît Hamon. Critiquant la politique économique de François Hollande, l'ancien ministre de l'Education a estimé que c'est cette politique gouvernementale qui a causé la défaite du Parti socialiste aux élections municipales et européennes. Mais face aux critiques émanant de toutes parts, Manuel Valls a pesé de tout son poids pour demander la tête d'Arnaud Montebourg et de Benoît Hamon. Hier, lors d'une réunion express avec François Hollande, Valls lui a directement dit : «C'est lui ou moi. Si tu refuses, ça sera sans moi !» Sans surprise, François Hollande a choisi de conserver son Premier ministre, mais a, en même temps, accentué le clivage idéologique qui le sépare désormais d'Arnaud Montebourg. Ce dernier, qui a l'élection présidentielle de 2017 en ligne de mire, cherche à présent à rallier le maximum de personnes autour de sa vision et de son projet ancré solidement à gauche. Il n'est pas exclu que les primaires socialistes voient s'affronter Arnaud Montebourg d'un côté et Manuel Valls de l'autre. Alors que François Hollande devait annoncer des mesures importantes touchant les allocations sociales et la réduction des impôts pour les ménages modestes, la démission du gouvernement Valls a compliqué un peu plus la situation, au grand bonheur de l'opposition qui se frotte déjà les mains. A commencer par François Fillon, ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy (2007-2012). Il a estimé que la démission du gouvernement Valls «illustre le désarroi dans lequel se trouve le président Hollande face aux conséquences de son inaction». Et d'ajouter : «Je continue de craindre du Président une attitude attentiste sur le fond même s'il recherche manifestement les apparences de l'autorité.» Fillon a indiqué qu'il espérait que cette démission permette d'engager quelques réformes. Yves Jégo, président par intérim de l'Union démocratique et indépendante (UDI), a jugé qu'«après la crise économique, les socialistes nous invitent à la crise politique, comme si le pays avait besoin de ça, au moment où tous les efforts doivent être concentrés vers la résorption de nos difficultés». Et d'enchaîner : «On voit bien derrière ce remaniement qu'il y a le spectre d'une majorité explosée qui fait craindre des jours difficiles pour la vie politique de notre pays.»