Le consulat algérien à Gao Ce dénouement fait suite à celui des trois otages le 12 juillet 2012 intervenu après d'intenses et inlassables efforts déployés par les institutions de l'Etat dans la plus grande discrétion. Alors que tous les médias étaient branchés sur le crash de Tamanrasset, une nouvelle est tombée sur le fil: les deux derniers otages algériens enlevés le 6 avril 2012 à Gao au nord du Mali ont été libérés. L'information qui avait été annoncée vers 11h par la chaîne d'info Ennahar TV a été confirmée quelques minutes après par le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. Ainsi, les deux derniers diplomates algériens, otages au Mali, MM.Mourad Guessas et Kedour Miloudi, ont été remis en liberté hier matin, non loin de Bordj Badji Mokhtar (Adrar) aux frontières de l'Algérie avec le Mali. «Cette libération fait suite à celle des trois otages libérés le 12 juillet 2012, intervenue après d'intenses et inlassables efforts déployés par les institutions de l'Etat dans la plus grande discrétion et sous la supervision directe du président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika», souligne la même source. «Le gouvernement algérien indique que selon des informations concordantes le consul, M.Boualem Saies, est décédé des suites d'une maladie chronique, et confirme l'assassinat odieux du diplomate Tahar Touati», ajoute le communiqué. «En ces circonstances pénibles, le gouvernement algérien renouvelle ses sincères condoléances aux familles des diplomates assassinés et les assure de tout son soutien. Il s'incline devant la mémoire de ces martyrs du devoir et rend hommage à leur abnégation et leur dévouement dans l'accomplissement de leur devoir au service de la nation», note la même source. Le gouvernement rappelle que «tout au long de cette période de détention, les autorités compétentes algériennes n'ont ménagé aucun effort pour obtenir la libération, sans conditions, de nos diplomates», relève le communiqué du MAE, précisant que cette libération est intervenue «dans le respect de la position doctrinale de notre pays et de ses engagements internationaux en refusant tout paiement de rançon». Le gouvernement algérien «remercie toutes les bonnes volontés qui ont permis d'aboutir au dénouement de cette prise d'otage» et souligne «l'impératif de la poursuite, sans répit, de la lutte contre le terrorisme et ses multiples connexions que sont le trafic de drogue et le crime organisé au Sahel et partout à travers les autres régions de notre continent et du monde et réitère son appel au renforcement de la coopération internationale pour éradiquer ces phénomènes», conclut la même source. La libération des deux otages algériens détenus au nord du Mali par le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), Mourad Guessas et Kedour Miloudi, est intervenue sans versement de rançon en contrepartie, selon des sources maliennes proches des médiateurs. En effet, selon Nadji Larbi, membre du Mouvement populaire arabe de l'Azawad (Mpaa), la remise en liberté des otages algériens a été opérée sans versement de rançon et encore moins la satisfaction des autres exigences dudit groupe. Intervenant hier après-midi sur la chaîne de télévision Ennahar, il a assuré que les ravisseurs ont fini par libérer les otages algériens sans conditions. Nadji Larbi a assuré que les deux otages se portent bien. Pour rappel, le consul d'Algérie à Gao (Nord du Mali) et six diplomates algériens avaient été enlevés le 5 avril 2012 après une attaque menée par des terroristes contre ce consulat, après la chute de la ville au mains des djihadistes qui avaient réussi à prendre le Nord-Mali, suite à la chute du régime gouvernemental. Le 8 avril de la même année, le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) avait revendiqué le rapt. En mai 2012, le Mujao avait, dans un message, exigé la libération de terroristes prisonniers en Algérie et 15 millions d'euros pour les relâcher. Puis le 24 août, dans un message vidéo diffusé sur un site Internet mauritanien, le Mujao avait menacé les autorités algériennes de représailles si elles ne libéraient pas dans les cinq jours trois djihadistes arrêtés le 15 août, dont un dirigeant d'Aqmi, Necib Tayeb, dit Abderrahmane Abou Ishak Essoufi. Face au refus de l'Algérie de céder à ses exigences, la même organisation terroriste avait annoncé le 2 septembre 2012 avoir exécuté un des diplomates algériens qu'elle retenait en otage, à savoir Tahar Touati. Dès la libération des derniers otages algériens, ils ont été acheminés vers la capitale. «Les deux otages sont actuellement à l'hôpital (militaire) de Aïn Naâdja pour des contrôles d'usage. Ils sont en très bonne santé», avait assuré en début d'après-midi à TSA, Abdelkader Messahel, ministre chargé des Affaires maghrébines et africaines. Il est clair qu'après une visite médicale, les diplomates devront participer à une séance de débriefings avec les éléments des services de renseignements comme c'est de coutume dans de pareils cas. Même si l'Algérie a perdu deux valeureux diplomates dans cette affaire, elle a su rester toujours fidèles à ses principes fondateurs de non-paiement de rançons et surtout pas d'échanges de prisonniers, contrairement aux Français, et aux Espagnols qui ont payé des rançons pour libérer leurs otages. Cette affaire intervient aussi à la veille de la reprise du dialogue inter-malien à Alger prévu le 1er septembre. Ce qui a donné une occasion à la diplomatie algérienne de reprendre du terrain et d'être efficace dans le règlement des crises. On se souvient, en 1981, quand l'Algérie avait permis aux Etats-Unis de récupérer ses diplomates après 444 jours de captivité en Iran. Cette libération a été obtenue grâce aux efforts du ministre des Affaires étrangères de l'époque, Mohamed Seddik Benyahia, qui a servi d'intermédiaire entre les Iraniens et les Américains pour la libération des otages. Cette libération des derniers diplomates algériens, otages au Mali, est surtout une victoire du ministre actuel des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra qui a, dès son arrivée au département algérien de l'extérieur, travaillé en toute discrétion avec les négociateurs des services du renseignement du DRS avec les intermèdes touareg et des différentes factions maliennes en contact avec les preneurs d'otages pour libérer les derniers diplomates algériens.