Des journalistes, des hommes politiques et personnalités publiques, ainsi que des artistes et des citoyens anonymes. Tous ces représentants de la société civile, environ la quarantaine, ont investi hier l'esplanade de la Liberté de la presse (rue Hassiba Ben Bouali, Alger), répondant ainsi à l'appel lancé par le quotidien Le Matin pour la tenue d'un rassemblement. Une action de plus «pour libérer les deux journalistes emprisonnés, Mohamed Benchicou et Hafnaoui Ghoul» lit-on dans le communiqué rendu public par le collectif du Matin. Cette initiative, est-il nécessaire de le souligner, a eu lieu à l'occasion de la commémoration du 44e anniversaire de l'Indépendance de l'Algérie, et sa libération du joug du colonialisme. La symbolique est donc aussi de mise. Le choix de l'esplanade de la Liberté de la presse pour la tenue du rassemblement d'hier, n'est pas fortuit, puisqu il était question également, de procéder au dépôt d'une gerbe de fleurs à la mémoire des journalistes assassinés par la horde intégriste. Ce rassemblement intervient à la veille de la comparution derechef de Mohamed Benchicou au tribunal de Sidi M'hamed au sujet d'une plainte pour diffamation émanant du ministre de la Défense (MDN). Lors du rassemblement d'hier, c'est M.Rabah Abdellah, secrétaire général du Syndicat national des journalistes (SNJ) et membre du comité mis sur pied pour la libération de Benchicou et Ghoul, qui a pris le premier la parole pour exhorter, à l'aide d'un mégaphone, les présents à observer une minute de silence à la mémoire des journalistes assassinés par la barbarie intégriste. A celui-ci succède le directeur d'El Watan, M.Omar Belhouchet, lui aussi, nous dit-on, membre dudit comité, pour rappeler que l'objectif du rassemblement se résume à l'idée d'exercer une pression sur les pouvoirs publics pour la libération des deux journalistes emprisonnés, et «pour que triomphe la liberté d'expression dans une Algérie libre et démocratique, où on n'entendrait plus parler de condamnation pour délit d'opinion», a-t-il déclaré. Du milieu de l'assistance surgit la voix imposante de Belaïd Abrika qui, réagissant aux propos de M.Belhouchet, a laissé entendre des slogans hostiles au pouvoir : «Ulac smah», «Pouvoir assassin». Parmi les présents, on peut citer le commandant Azzedine, l'ancien ministre de la Communication, M.Abdelaziz Rehabi, les représentants des syndicats autonomes tels le CLA, le Snommar et le Satef, ainsi que les membres de la famille de Mohamed Benchicou dont la mère, qui semblait satisfaite de la mobilisation de la société civile pour libérer son fils.