Skoda, c'est le constructeur de voitures qu'on connaît actuellement à travers la Superb, la Fabia ou le Yéti, mais c'est aussi une longue histoire. Une histoire plus que centenaire, que l'on découvre avec émerveillement, dans un musée situé dans l'enceinte même de l'usine historique fondée en 1895 par Laurent et Klement, à Mlada Boleslav en Tchéquie. La visite de ce musée, de plus de 1800 m2 d'exposition, est une véritable balade à travers le temps où l'histoire de la marque se déroule comme un film en noir et blanc. L'aventure a commencé avec la fabrication, à la fin du XIXe siècle, des premiers vélos puis des motos avec moteurs à cylindres qui consommaient autant de carburant que d'huile et qu'on peut considérer comme étant les bolides de l'époque, car ils poussaient des pointes de 60 km/h. Le tricycle ne tarda pas à suivre et compléta ainsi une panoplie d'engins qui ouvriront la voie à l'avènement de l'automobile. En 1905, la Voiturette voit le jour. Avec une carrosserie ouverte, sans toit, elle a une vitesse de 40 km/h et coûte 3600 couronnes, ce qui représente plusieurs années de salaire de l'époque. C'est le début d'une grande saga qui prend une nouvelle dimension quand Emile Skoda, un ingénieur formé en Allemagne, rachète l'entreprise. Jusqu'à 1939, début de la Seconde Guerre mondiale, le catalogue du constructeur compte quatre modèles: La Popular, la Rapid, la Favorit et la Superb. Cette dernière est une limousine très demandée par les ambassadeurs et quelques monarques et présidents. D'ailleurs, ce modèle reviendra au goût du jour des dizaines d'années plus tard et constitue actuellement le véhicule amiral de la marque. Avec l'arrivée de l'ère communiste, l'impact de l'économie centralisée se fera bien ressentir et la production est réorientée vers des modèles plus populistes avec des silhouettes peu imaginées et des performances très moyennes. Certes, quelques modèles, comme l'Octavia, connaissent du succès à l'international, mais dans l'ensemble, les véhicules fabriqués à Mlada Boleslav sont d'une banalité affligeante. La trentaine de prototypes, dont quelques-uns Sport, qu'on nous dévoile dans une partie du musée, non accessible à tout le monde, nous conforte dans l'idée que la performance purement sportive n'était pas le souci premier des ingénieurs de cette époque, avec une seule victoire au palmarès obtenue au Rallye de Monte Carlo en 1977. Et pourtant, ce segment est riche d'un passé de près de 110 ans. Rien que ça! L'histoire s'accélère en 1991, lorsque le groupe allemand Volkswagen rachète des actions de Skoda, avant de l'acquérir entièrement en 2000. C'est, pourrait-on dire, la période en couleurs du constructeur tchèque. De nouveaux modèles sont proposés pour chaque segment et toute la gamme est rajeunie. L'existence de ce musée dénote de la fierté de Skoda d'assumer un passé que lui envieraient bien des constructeurs autrement plus glorieux et tous les moyens sont mis en oeuvre pour accentuer encore plus le prestige de la marque. Ainsi, une quinzaine de guides polyglottes sont là pour accompagner les centaines de touristes qui viennent chaque jour visiter l'usine et le musée, et l'année dernière, ils étaient près de 250.000 à honorer ces lieux. Skoda voit vraiment la vie en rose!