Surprise générale! Elle ne sera ni supprimée, ni seulement maintenue. La règle des 51/49 régissant l'investissement étranger va être renforcée et élargie au commerce. De gros et de détail. C'est le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb, qui l'a annoncé, jeudi dernier, en marge de la réunion de la tripartite. La mesure est prévue dans la révision qui est en cours du Code des investissements. Le ministre a expliqué que cette mesure aidera «les secteurs fragilisés, voire effondrés par la concurrence des produits importés comme celui de la manufacture». Certains milieux qui menaient une campagne acharnée pour la suppression de cette règle sont maintenant fixés. Définitivement. On comprend mieux le «Faites confiance au gouvernement!» lancé mardi dernier par Amara Benyounès notre ministre du Commerce au sujet des négociations en cours avec l'OMC. En effet, on pouvait avoir quelques inquiétudes d'autant que les tenants de la suppression de cette règle suggéraient l'appui de l'OMC. Maintenant que les choses sont claires et que le débat contradictoire est clos, il est utile de se pencher sur l'élargissement de cette règle. L'Algérie importe plus parce que sa production est en deçà de ses besoins. Cela tout le monde le sait. Il est évident, dans ce cas, que les producteurs étrangers ont toujours préféré commercer avec nous plutôt que d'investir dans notre pays. Pas tous, mais la plupart. Rien à reprocher à personne! Chacun défend ses intérêts. Celui des producteurs étrangers étant de faire tourner leurs usines très affectées par la crise économique mondiale. L'Algérie est un grand «marché» disent-ils. Un peu comme s'ils avaient dit un grand «déversoir». Ce qui n'est pas totalement faux à voir l'incurie qui règne dans ce commerce extérieur à sens unique. Le gouvernement, qui a toute la confiance qu'il demande, est décidé à mettre de l'ordre dans les containers. Juste avant l'annonce de Bouchouareb, Benyounès avait annoncé la restauration des autorisations d'importations. Non seulement pour «protéger certains produits stratégiques, réduire le niveau des importations et celui des transferts de devises à l'étranger» comme l'a précisé le gouvernement, mais aussi pour protéger et développer notre outil de production. Et c'est là tout l'enjeu. Tout le monde aura remarqué que nos importations sont en hausse constante. Nos exportations nulles (hors hydrocarbures s'entend) et notre production qui avance au rythme de l'escargot. Le tout couronné par nos besoins qui augmentent naturellement. C'est à cette spirale infernale qu'il fallait mettre fin. Le gouvernement vient d'annoncer qu'il s'y attelle. Nouveau Code des investissements, nouvelle loi sur l'importation et même l'exportation, numérisation du registre du commerce, etc. Tout ceci renforce également la volonté exprimée par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, d'atteindre au plus vite l'objectif de la diversification de notre économie. Celle qui nous permettra de sortir de la dangereuse dépendance des hydrocarbures. Il n'y a rien à attendre des IDE. Ils ne viendront pas. Les investisseurs étrangers sont tenus en laisse par la finance internationale. Le profit qui était leur seul critère est étouffé par les règles, non écrites, du lobbying. L'exemple le plus frappant est celui de la France qui, pour avoir osé braver la finance internationale, voit ses usines fermer les unes après les autres. Notre chance est de n'être pas «connecté» à la globalisation. Notre production a une marge confortable, en prenant en compte nos besoins propres, pour se développer. Ce qui laisse du temps à l'économie mondiale pour retrouver ses marques et une plus grande lisibilité. Ce jour-là, la règle des 51/49 pourra être rediscutée. Ce n'est pas un texte sacré!