Trente cinq corps sans vie de personnes noyées ont été repêchés par les élément de la Protection civile depuis le début de la saison estivale. Le chiffre est alarmant, d'autant plus que 80% des noyades sont enregistrées au niveau des plages interdites à la baignade et donc non surveillées. En effet, les plages «à risque» du territoire national sont paradoxalement très fréquentées par les estivants. Au nombre de 180, ces plages ne sont pas soumises à la surveillance de la Protection civile. «Ce ne sont pas les prérogatives de notre corps de contrôler ces espaces», précise M.Achour Farouk de la Protection civile. Ce phénomène prend des proportions inquiétantes, puisqu'on constate, durant les week-ends, un flux assez important de familles entières qui fréquentent les plages non surveillées. Pis encore, certaines sont même aménagées par des jeunes chômeurs ou par des exploitants agricoles qui les gèrent à leur guise et qui vont jusqu'à exiger un tarif de 50 à 100 DA pour accéder à ces zones «mortelles». Selon les statistiques de la Protection civile, en 2003, sept décès par noyade sont déplorés dont six sur des plages interdites à la baignade. La même tendance est enregistrée pour l'année 2004. Ces plages, également interdites pour ses eaux souillées, sont dépourvues de panneaux interdisant la baignade, comme le stipule pourtant la loi. Lesquels panneaux sont généralement enlevés sciemment par «les propriétaires autoproclamés» des lieux. La Protection civile qui a enregistré plus de 8500 interventions, uniquement dans la période allant du 1er juin au 9 juillet, a renforcé ses moyens matériels et humains. Plus de 3000 agents sont mobilisés à travers le territoire national et un dispositif spécial a été mis en place à travers la formation d'équipes spécialisées dans le sauvetage et l'acquisition de nouveaux équipements. En parallèle, un travail de sensibilisation est engagé pour mettre en évidence les risques que peuvent encourir les citoyens en mer. Depuis le début officiel de la saison estivale, les plages des 14 villes côtières ont enregistré une affluence record de près de 15 millions d'estivants. Sur un autre chapitre, l'Agence nationale pour la protection du littoral attire l'attention des autorités locales sur un danger qui prend de l'ampleur dans l'indifférence totale. Il s'agit des constructions anarchiques autour des plages. «Il est aberrant de voir des constructions à un mètre seulement du rivage», a déclaré hier Me Nouara Belkacem, une responsable au niveau de l'agence. Ce qui remet encore une fois en cause, la surveillance au niveau des plages.