Des négociations indirectes doivent reprendre aujourd'hui au Caire entre les Palestiniens et Israël. Il s'agirait de «consolider» la trêve intervenue à Ghaza après sept semaines d'agression meurtrière d'Israël. En réalité, cette énième rencontre entre Israéliens et Palestiniens est un non-événement. Il faudrait être dupe, naïf ou malintentionné pour croire que quelque chose de concret pourrait sortir de ces discussions. C'est en fait du cinéma et ce n'est pas du tout sérieux. Il fallait écouter le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui vitupérait, le 11 juillet, au lendemain de l'agression sanglante contre Ghaza, qu'il n'y aura «jamais d'Etat palestinien indépendant». Sans doute que les bombes qui tombaient drues sur l'enclave palestinienne rendaient son propos inaudible. Un rappel, histoire de fixer les idées dès lors qu'il n'a jamais été question pour Israël de céder un pouce des territoires qu'il occupe depuis 47 ans. Cela, les parrains américains du «processus» de paix et les dirigeants palestiniens le savent. Les dirigeants israéliens axent leur propos sur la «sécurité» d'Israël. Cet argument est tout à fait spécieux, si l'on excipe du fait que seules la paix et les bonnes relations entre voisins peuvent garantir un tel postulat. Les Nations unies ont créé par la Résolution 181 II (du 29 Novembre 1947) deux Etats issus du démantèlement de la Palestine. Israël s'était autoproclamé unilatéralement «Etat» le 8 mai 1948 (six mois avant l'entrée en vigueur de la résolution onusienne) quand l'érection de l'Etat de Palestine est en attente depuis cette époque. Donc 67 ans! Aussi, ces agitations autour des négociations entre les deux parties sont parfaitement factices et, surtout, absurdes. Comment peut-on négocier ou faire croire que l'on négocie la paix - avec au bout un Etat de Palestine - quand dans le même temps, le partenaire israélien précipite la construction de colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est occupées, accélérant la reconfiguration des territoires palestiniens. Une restructuration qui rendra douteuse l'édification d'un Etat palestinien qui serait irréalisable, peu viable et peu fiable. Cela les «négociateurs» palestiniens le savent fort bien et particulièrement le président palestinien, Mahmoud Abbas, qui n'a jamais mis en cohérence ses paroles et ses actes. Alors pourquoi continuer ce jeu, mortel pour les Palestiniens, sachant que la seule issue, déjà dramatique, est l'impasse où ils se trouvent depuis des décennies. A terme, c'est l'idée même d'un Etat de Palestine qui pourrait perdre de sa consistance. Or, les Nations unies ont constamment réaffirmé par le biais du Conseil de sécurité de l'ONU - notamment la résolution 3236 (XXIX) - les droits inaliénables du peuple palestinien à l'autodétermination, à l'indépendance et à la souveraineté nationale, de même que le droit de retour dans ses foyers et vers ses biens. De fait, l'ONU ne reconnaît pas l'annexion de Jérusalem-Est par Israël comme il déclare sans valeur légale les colonies en Cisjordanie. Il y a donc une contradiction flagrante entre les résolutions votées et adoptées par l'ONU et l'incapacité de celle-ci à les faire appliquer par Israël. La réalité est que, sous la pression des Etats-Unis, le Conseil de sécurité se trouve ligoté, qui n'a jamais réussi à faire voter des résolutions contraignantes exigeant d'Israël l'application de toutes les résolutions afférentes au contentieux israélo-palestinien. En fait, l'ancienne secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, affirmait, en 2003, lors d'un congrès de l'Aipac (American Israël Public Affairs Commitee, le lobby israélien qui noyaute le Congrès US) que Washington «pourrait renoncer à un calendrier formel». Cela convenait à Israël qui n'a jamais accepté une date butoir pour finaliser la paix. Pour revenir à la déclaration de Netanyahu du 11 juillet dernier, à l'évidence, inaperçue, elle n'a rien d'inédit et ne fait que certifier ce que d'autres dirigeants israéliens avaient déjà affirmé en maintes occasions. Il en est ainsi du ministre israélien du Tourisme, Benny Elon, qui avouait - lors du même congrès de 2003, auquel avait pris part Mme Rice - que la politique d'Israël est qu'il «n'y ait jamais» d'Etat palestinien aux côtés d'Israël. Et d'enfoncer le clou assurant «la position US n'est pas nouvelle. Notre job, c'est de nous assurer qu'un Etat palestinien, qui représente par de nombreux aspects un danger pour Israël, ne soit pas créé». Elon confirme ainsi le double jeu américain, soutenant l'extrémisme israélien et jouant, dans le même temps, au parrain du «processus» de paix. Au Caire, où Israéliens et Palestiniens se retrouvent aujourd'hui, on observera un recul, les deux parties étant revenues au contact «indirect». N'est-il pas temps d'arrêter ce cirque et de passer à des choses sérieuses?