Des sources hautement placées nous ont affirmé que ce crime odieux n'aura aucune influence sur la coopération économique entre l'Algérie, les USA et l'Europe via la France. Djounoud El Khilafa, un groupe lié à l'organisation Etat Islamique (EI), a assassiné Hervé Gourdel. C'est un crime abject, qui a choqué la majorité des Algériens et je tiens à m'incliner à la mémoire de la victime et présente mes sincères condoléances à sa famille. Il s'agit de replacer cet assassinat dans le cadre des tensions géostratégiques au Moyen-Orient et dans la région sahélo-saharienne qui risquent de déstabiliser tant l'Europe que le reste du monde. Selon nos informations auprès de nos réseaux au plus haut niveau, ces derniers nous ont affirmé que ce crime odieux n'aura aucune influence sur la coopération économique entre l'Algérie, les USA et l'Europe via la France. Comme en témoignent le récent contrat entre Sonelgaz et General Electric, les USA devant investir plus dans les segments hors hydrocarbures, la rencontre prévue le 18 octobre 2014 à l'Assemblée nationale française en vue de renforcer le copartenarit industriel entre l'Algérie et la France où j'interviendrai sur ce thème, suivie le 10 novembre du Comité mixte algéro-français à Oran en vue d'accélérer la concrétisation de projets. Car il s'agit en effet, de s'attaquer à l'essence du terrorisme (un codéveloppement) et non aux apparences. Le fossé entre les riches et les pauvres au niveau de la région Moyen-Orient-Afrique du Nord avec une concentration excessive du revenu national au profit d'une minorité rentière, la bureaucratisation croissante qui permet l'extension de la sphère informelle et décourage les producteurs de richesses, devient de plus en plus intolérable. Cet écart injuste de revenus renforce les frustrations sociales, voilées et atténuées temporairement par des politiques populistes, sans s'attaquer aux problèmes de fond, reportant dans le temps les tensions. La moralité de ceux qui dirigent la cité devient fondamentale car le despotisme des dirigeants enfante forcément l'insécurité et le terrorisme. D'où l'importance pour les dirigeants de la région Moyen-Orient en Afrique du Nord d'accélérer les réformes pour un véritable Etat de droit, une société citoyenne et participative, la valorisation de l'économie de la connaissance et la démocratisation de leur société, tenant compte des anthropologies culturelles, conditions indispensables pour un développement durable et par là d'éviter d'enfanter la misère qui enfante par la suite le terrorisme. Les expériences de par le monde ont montré que le sécuritaire pour le sécuritaire a des limites. L'efficacité des services de renseignements, colonne vertébrale de tout Etat, doit impliquer forcément les populations sans lesquelles le renseignement aurait un impact limité afin de lutter efficacement contre le crime transfrontalier et le terrorisme. En plus des facteurs économiques et sociaux sur le plan sécuritaire, cela nécessite des stratégies d'adaptation qui interpellent tant les USA, l'Europe, l'Algérie, acteur incontournable, et plus globalement le Maghreb, pont entre l'Europe et l'Afrique dont son intégration est une condition sine qua non de la stabilité de la région. Comme en témoignent l'opération terroriste perpétrée contre l'installation pétrolière de Tiguentourine en Algérie (Illizi), ainsi que celles commises contre le consulat américain à Benghazi et la mine d'uranium exploitée par une société française à Arlit (Niger). Rappelons qu'El Gueddafi disparu, ce pays n'ayant jamais eu d'Etat au sens propre, des centaines de milliers, dont 15 000 missiles sol-air étaient dans les entrepôts de l'armée libyenne, puis ont équipé les rebelles au fur et à mesure de leur avancée dont une partie a été accaparée par différents groupes qui opèrent au Sahel. Il y a une prise de conscience globale de la plupart des dirigeants du Maghreb, de l'Afrique, de l'Europe et des Etats-Unis d'Amérique qui s'accordent dorénavant sur la nécessité de coopérer davantage face à la menace de l'insécurité et du crime organisé, sur l'obligation de mettre en application une stratégie interrégionale qui associe l'ensemble des pays de la zone, du fait que la région est devenue un espace ouvert pour divers mouvements terroristes et autres groupes qui prospèrent via le trafic d'armes ou la drogue, menaçant la sécurité régionale et par ricochet l'Europe et les USA. Et donc sur l'urgence de renforcer leurs relations futures dans les domaines politique, économique, culturel, scientifique et sécuritaire, notamment de lutter contre le terrorisme international. À terme, la stratégie doit viser à attirer graduellement les utilisateurs du système informel vers le réseau formel et ainsi isoler les éléments criminels pour mieux les cibler tout en diminuant les dommages collatéraux pour les utilisateurs légitimes. En résumé, comme j'ai eu à l'affirmer dans des contributions internationales, il y a lieu d'éviter des déclarations hâtives et de verser dans la xénophobie, qui alimentent le discours des extrêmes, car l'islam autant que toutes les grandes religions monothéistes, le judaïsme, le christianisme est une religion qui prêche la paix et la tolérance. Ce qui se passe actuellement ne saurait en aucune manière refléter les idéaux de l'islam. [email protected]