En misant sur la médiatisation des vidéos de ses exécutions macabres, Daesh tire sa force de la menace et la terreur. Le groupe Etat islamique (EI) a une nouvelle fois mis ses menaces à exécution. Il a revendiqué vendredi dernier la décapitation d'un quatrième otage, le travailleur humanitaire britannique Alan Henning, en représailles aux frappes aériennes britanniques contre l'EI en Irak, et il menace d'en exécuter un autre. La vidéo de l'exécution, diffusée par le centre américain de surveillance des sites islamistes Site, est intitulée «un nouveau message à l'Amérique et à ses alliés». Elle a été réalisée selon le même scénario que lors des exécutions précédentes de deux Américains et d'un Britannique. Alan Henning, 47 ans, y est vêtu de la même tenue orange que les victimes précédentes, qui rappelle les tenues des prisonniers de Guantanamo. Il ne prononce qu'une brève phrase avant que son bourreau, vêtu de noir et le visage masqué comme les fois précédentes, ne reprenne la parole pour accuser le Parlement britannique d'être responsable de sa mort. «Le meurtre brutal d'Alan Henning par l'Etat islamique ne fait que montrer à quel point ces terroristes sont barbares et repoussants», a réagi le Premier ministre britannique David Cameron, ajoutant que ses pensées allaient à l'épouse et aux enfants du travailleur humanitaire. De son côté, le président américain Barack Obama a condamné le «meurtre brutal» d'Alan Henning et promis «de continuer à prendre des actions décisives pour affaiblir et à terme détruire l'EI», aux côtés des pays de la coalition. «Alan était parti en Syrie pour acheminer de l'aide à des personnes de toutes confessions qui en avaient besoin. Le fait d'avoir été pris en otage au moment où il était en train de vouloir aider les autres, et maintenant d'avoir été assassiné, montre que la perversion de ces terroristes de l'Etat islamique est sans limites», a ajouté le Premier ministre. Les Britanniques ont rejoint la coalition menant des frappes en Irak, après le feu vert donné par le Parlement le 26 septembre dernier. Le bourreau, dont la voix semble avoir été altérée électroniquement, a néanmoins un accent britannique et semble être le même, selon Site, que celui qui a assassiné l'otage britannique David Haines mi-septembre. A la fin de cette vidéo, qui ne dure qu'une minute et onze secondes, le groupe EI présente un autre otage américain, Peter Kassig et menace d'en faire sa prochaine victime. Un processus macabre, bien huilé et maîtrisé aux moindres détails et qui nous rappelle la série des films Saw. Néanmoins, l'EI entend à travers ses vidéos frapper le moral des dirigeants occidentaux, même si il sait pertinemment que ses exécutions ne changeront en rien dans la position militaire des Occidentaux dans la région du Sham. Cette exécution intervient alors que sur le terrain militaire l'EI multiplie les succès et avance sérieusement vers la frontière turque. Visiblement, les bombardements américains et français n'ont pas stoppé l'avancée des djihadistes. Cette situation inquiète sérieusement les autorités de la région et fait craindre des attentats terroristes en dehors des frontières orientales. Après l'assassinat macabre de l'otage français Hervé Gourdel par Djounoud El khalifa, groupe armé affilié à l'Etat islamique, la menace est prise au sérieux par les autorités algériennes, mais aussi par des nations qui possèdent une importante communauté en Algérie. Cette menace sur l'étranger peut toucher également les pays en Europe puisque la majorité des combattants de Daesh sont occidentaux d'origine et peuvent commettre des attentats meurtriers une fois de retour dans leur pays. Depuis le 19 août et la décapitation du journaliste américain James Foley, l'EI a assassiné trois otages durant le mois de septembre, soit presque une exécution chaque semaine et un otage le 3 octobre. Et à chaque exécution, il menace d'exécuter un nouvel otage. Cette mise en scène macabre démontre que ce groupe armé souhaite plus détruire l'image des musulmans que celle de l'Occident. Une urgence qui appelle à une mobilisation internationale contre Daesh et surtout une multiplication des moyens de lutte militaire contre ce groupe armé qui tire sa force de la menace et la terreur.