La lecture des derniers titres de la presse nationale et les récentes déclarations de notre ministre de la Communication à l'endroit de graves malentendus et dépassements des uns et des autres ne peut laisser indifférent tout observateur averti! En effet, nous considérons et faisons la conclusion que ce qui s'est passé durant les deux derniers semestres, n'a fait que ternir l'image de marque du pays auprès des plus grandes instances internationales concernées par la presse, la liberté de la presse, les droits de l'homme et la démocratie dans son interprétation la plus juste et la plus noble, Allons-nous continuer à être ou à demeurer des lecteurs passifs devant tant de mal? Nos plus belles plumes asséchées, car empêchées, nos plus hautes institutions maladroitement malmenées, l'image d'un pays qui se stabilise, se construit laborieusement après une longue décennie de souffrance, sont soumises à des attaques dont on se demande où sont les vrais commanditaires? BASTA! Il se confirme heureusement que la sagesse a fini par retrouver la place qu'elle mérite dans les rangs de la presse. Nous réconcilier avec nous-mêmes C'est un signe probant de sa maturité et de son aptitude à se remettre perpétuellement en question pour atteindre les standards internationaux requis pour l'exercice de sa mission. Devrait-on insister à souligner que la véritable et saine communication amène forcément la communion, voire le rassemblement autour d'objectif d'intérêts partagés par tous! Ces intérêts ne peuvent être que ceux de la Nation tout entière. En rétablissant les passerelles du dialogue avec le nouveau responsable du secteur, les éditeurs semblent revenir à une saine compréhension des voies et moyens qu'il convient d'emprunter pour solutionner les problèmes les plus épineux. En effet, c'est d'abord ici, entre ALGERIENS, dans le respect de toutes nos institutions qu'il nous incombe de trouver une solution à nos problèmes. Cette solution doit être celle qui nous unit, nous rapproche et enrichit nos différences de vues et nos appréciations sur la manière de communiquer. Cette démarche s'inscrit en droite ligne du cadre d'action tracé par le Président de la République dans son discours d'investiture au lendemain des élections du 8 avril 2004. Précédemment, la campagne électorale et les conclusions populaires qui se sont imposées à nous tous et qui ont fait émerger le pays dans une meilleure sphère internationale, ne peuvent être occultées par les enfants de ce pays, y compris par les journalistes. Ne dit-on pas que l'écoute permanente et directe est la vertu des Sages et sommes-nous parmi les Sages. Thanks to the Good? En effet, l'espace national requis par la mise en oeuvre de la politique de réconciliation ne peut être réduit à la seule équation sécuritaire. Il nous appartient de nous réconcilier avec nous-mêmes, avec notre mémoire collective chahutée pour retrouver confiance, force et respect mutuel. Il est vrai que l'agressivité et la violence expriment l'impuissance dévastatrice face à la frustration et l'injustice et ne s'arrêtent pas à l'usage des armes. On peut faire violence à son prochain par des moyens autrement plus pernicieux. Ainsi, en est-il de l'usage de la plume pour disqualifier unilatéralement de la compétition politique des acteurs que seul le verdict des urnes autorise à faire. Ceux qui ont maladroitement encouragé l'une des plus belles plumes du pays à «chignoller» sans ménagement sur la plus haute instance du pays, s'en mordront les doigts tôt ou tard. M.Benchicou devra retrouver les siens, mais que ceux qui se cachent sournoisement derrière cette cabale devront être démasqués. L'intérêt suprême du pays l'exige! Nonobstant cette amère vérité, rendue obligatoire, il nous reste à revenir à une saine compréhension des missions des uns et des autres pour permettre à l'Etat de se réapproprier tous les instruments de sa souveraineté lourdement malmenée dans un passé récent par des choix économiques pas toujours heureux et le recours aux armes pour une issue politique incertaine. Il faut bien comprendre que cette démarche ne doit souffrir d'aucun marchandage et d'aucune compromission, dans le seul respect de l'esprit de Novembre 1954, notre source d'unification de toujours. L'histoire ne nous pardonnera pas d'y déroger et ce, d'autant plus que nous appartenons à ce repère historique. Les conventions sociales qui restent à mettre en place pour parfaire notre existence collective ne sont pas toujours évidentes pour tous. La corporation des journalistes, ô combien rebelle et féconde, saura trouver en son sein des forces, la clairvoyance et la sagesse nécessaires pour réhabiliter la seule langue qui mérite qu'on communique avec : le respect de l'intégrité morale d'autrui, de sa vie privée et de ses espaces de liberté, l'usage de sources contradictoires, crédibles et responsables et l'expression pondérée, loin de toute invective et de tout propos ordurier. La presse critique, positive et constructive ne peut être que lumière qui éclaire les citoyens. Les uns et les autres Mon ami Boudjemâa Haichour s'est dit «peiné» de voir des journalistes incarcérés. Au-delà du caractère répressif inhérent à toute forme juridique, cette situation décrédibilise la corporation aux yeux de l'opinion publique profonde, souvent occultée par les courtes vues des salons algérois où les intellectuels engagés sont quasiment et cruellement absents. L'Algérie profonde est autrement plus avisée que ne le prétendent ses prétentieux tuteurs autoproclamés. Elle mérite d'être rendue dans la plénitude de sa maturité, de sa conscience aiguë et de ses aspirations profondes et saines. La clémence et le pardon que méritent les membres de la corporation ne peuvent se refaire des solidarités corporatistes. La promptitude des pouvoirs publics à accéder à une révision bienveillante et clémente des dossiers de justice mérite d'être conjuguée avec une introspection critique de la corporation sur elle-même. Acquiescer à cette logique c'est confirmer la solidité et la sagesse du pouvoir, exprimées à travers le Président de la République et son background diplomatique mesuré et reconnu dans le monde entier. A l'instar de tous les autres pouvoirs, la presse gagne à retrouver la plénitude de ses attributions de médiation sociopolitique, dans le respect de ses droits et de ses devoirs. En tant que citoyens et observateurs engagés, nous sommes aussi en droit d'attendre la résultante d'une presse définitivement professionnelle concourant à l'information mais aussi à l'éducation saine de toute une génération. L'apaisement retrouvé jetterait, à ne pas en douter, les jalons d'un débat contradictoire sur les configurations idoines du champ médiatique requis pour le XXIe siècle, en termes de performance technologique, de compétence et de professionnalisme, d'exercice des libertés et du pluralisme. Sans prétendre vouloir porter un jugement sévère, la phase infantile nous paraît terminée. Le bilan, critique et autocritique, qu'elle autorise, concerne aussi bien les producteurs que les «consommateurs» d'écrits et d'images. On peut considérer, sans exagération aucune, qu'il s'agit là du chantier du siècle. Mes frères journalistes et intellectuels, à vos plumes, pour une Algérie plurielle et plus belle que jamais!