La fermeture des routes et des sièges communaux est devenue le moyen par excellence de faire aboutir ses revendications. Le cauchemar des fermetures de routes et de sièges communaux continue à Béjaïa. Même si c'est loin de constituer une surprise pour les usagers de la route, la recrudescence de ce fléau fait craindre tout déplacement à Béjaïa. Hier encore et on ne sait vraiment pas pour combien de temps, les deux routes nationales 43 et 75 et le siège communal de Boukhlifa ont été fermés. La RN 75 reliant Béjaïa à Sétif est fermée au niveau du siège de la commune de Barbacha par des lycéens exclus qui demandent leur réintégration sans condition. Sur la RN43 reliant Béjaïa à Jijel, les habitants du village Sahel sévissent pour la deuxième journée consécutive. Ils revendiquent la satisfaction d'une plate-forme de revendications comprenant cinq points. Il s'agit de l'aménagement de la route qui mène au village, l'alimentation en eau potable, la réalisation des abribus, l'alimentation en gaz de ville et le raccordement au réseau de l'Internet. Selon le maire de Melbou, les trois premiers points sont déjà satisfaits quant aux deux autres, le gaz de ville et l'Internet en l'occurrence, ils ne relèvent pas des prérogatives communales. Cela n'a pas suffit pour ramener les protestataires à de meilleurs sentiments. Le siège de la commune de Boukhlifa est fermé pour une histoire d'occupation de logements de fonction de l'école du village par des tierces personnes. Pour demander leur départ, on ferme la mairie. Béjaïa renoue avec une réputation qui lui colle à la peau depuis des années. Les fermetures des routes imposées par d'interminables protestations sociales se font au grand jour et à un rythme infernal. Les travailleurs et les étudiants ne sont jamais sûrs de rejoindre leurs postes de travail et d'étude. Le port et l'aéroport ainsi que toutes les unités industrielles voient, impuissants, leur activité réduite. L'ampleur qu'a pris ce fléau ces dernières années pousse à l'interrogation. Y a-t-il une autorité à Béjaïa? Jusqu'à quand allons-nous subir ce diktat? Pourquoi le recours à cette manière de protester? Qui est derrière ces mouvements intempestifs? Serait-ce l'unique voix de se faire entendre? Des questions nombreuses se posaient hier à l'opinion locale. Une opinion qui se sentait désabusée ne sachant plus à quel saint se vouer. L'heure est grave, conclut-on. Les discussions sur ce sujet et le risque d'affrontement entre citoyens n'est pas à écarter tant ces blocages sont récurrents. Les spectaculaires fermetures des routes imposées par d'interminables protestations sociales se font au grand jour à un rythme infernal. C'est à croire que tout manque à la population de la région, contrainte à une pénalisation mutuelle entretenue depuis plusieurs mois à Béjaïa. Les conditions de vie difficiles sont souvent le moteur de ces manifestations qui se traduisent par d'importants bouchons routiers. En proie à des pénuries d'eau et de gaz, des problèmes d'assainissement, au mauvais état des routes, les habitants prennent d'assaut les axes routiers pour se faire entendre. «Normal!» s'exclamait hier un usager de la route «d'autres se sont fait entendre en recourant à la fermeture de routes, pourquoi pas eux?» ironise-t-il comme pour accabler la politique des pouvoirs publics face à ce phénomène qui focalise toujours les principaux axes routiers (RN26 ou RN12) jugés stratégiques. «Le blocage des routes est le seul moyen que nous ayons pour nous faire entendre. Nous avons bien raison d'y recourir», justifie un protestataire, visiblement décidé, derrière les barricades. Et ça fait des émules puisque dans la daïra de Chemini, la coordination citoyenne n'arrête pas de répéter que son exclusion, s'il y a vraiment exclusion, du programme de raccordement en gaz de ville, est née de la sagesse de ses habitants. Alors on compte investir la rue pour se faire entendre. Le phénomène de la fermeture des routes fait tache d'huile. Conséquemment, les populations de la wilaya de Béjaïa descendent souvent dans la rue pour réclamer l'amélioration de leurs conditions de vie et exprimer leurs revendications. L'avenir est porteur de risques si des mesures adéquates ne sont pas apportées par ceux qui ont la charge des affaires publiques.