Les gaz de schiste, une richesse à exploiter au plus vite Un retard dans l'exploration et l'exploitation des ressources non conventionnelles serait, selon lui, une erreur à ne pas commettre. Après un cafouillage sans précédent, l'exploitation des gaz de schiste en Algérie est plus qu'imminente. Attendre encore quelques années serait une grave erreur et un «non-droit». C'est ce que semblait dire hier le P-DG de Sonatrach, Saïd Sahnoune, qui a démenti le déclin de la production d'hydrocarbures. Dans une conjoncture difficile et des prix du baril qui ne cessent de chuter (le cours du baril a atteint 88.4 dollars à la Bourse de Londres hier), le P-DG de la compagnie s'est voulu rassurant et optimiste. Le P-DG de Sonatrach, qui était l'invité de la rédaction sur les ondes de la Radio nationale, a affirmé: «Nous n'avons pas le droit d'attendre 10 ou 15 ans pour commencer à apprécier et évaluer, et éventuellement développer ces ressources.» M.Sahnoune estime qu'avoir du retard dans cette perspective serait une erreur. «Commencer ce que nous faisons aujourd'hui dans 10 ou 15 ans, constitue un retard et une erreur à ne pas commettre», a-t-il soutenu. Surtout que l'Algérie est classée 3e au niveau mondial, en termes de «réserves techniquement récupérables». Le P-DG de Sonatrach a fait savoir que ce sont sept bassins susceptibles d'être exploités, qui ont déjà été identifiés. Ils renferment selon lui, des volumes globaux de quelque 4500 TCF, sachant qu'un seul TCF représente entre 28 et 29 milliards de M3 de gaz. Il a précisé également que sur ces quantités considérables, il n'est possible de récupérer qu'environ 700 TCF. A ce propos, M.Sahnoune a indiqué: «Il faut qu'on tire profit de ce potentiel de croissance et de le valoriser». Concernant les dangers et craintes liés à l'exploitation de ces ressources non conventionnelles, M.Sahnoune se veut rassurant en affirmant, d'emblée, que «les idées reçues et les problèmes de développement des shales ne sont pas tous réels». Il a assuré que les ressources aquifères ne seront pas polluées. «La distance entre les formations aquifères et celles qui contiennent les ressources argileuses est suffisante pour développer des programmes de forage», a-t-il justifié. En gros, la clé pour éviter tout risque se résume, selon lui, dans «le respect des procédures qui est à la base du succès ou de l'échec des techniques de son extraction». D'ailleurs, le P-DG de Sonatrach a fait savoir que les techniques utilisées ne sont pas nouvelles, c'est seulement une question de «changement d'échelle». Il a rappelé que Sonatrach a déjà foré son premier puits horizontal en 1992. Il indiquera que «60 à 70% des puits forés dans la région de In Salah sont horizontaux». Le procédé de la fracturation hydraulique est, lui aussi, utilisé déjà pour les ressources conventionnels. Il s'agit de changer d'échelle, à savoir 10 à 12 fracturations pour les gaz de schiste, au lieu d'un seul pour le conventionnel. Pour mettre fin aux spéculations et les craintes, le représentant de Sonatrach a fait savoir que cinq contrats de coopération techniques ont été conclus pour produire le gaz de schiste. Ces derniers l'ont été, selon M.Sahnoune, avec des partenaires qui «ont le mieux réussi l'exploitation de ces ressources». Par ailleurs, M.Sahnoune a tenu à préciser que pour le moment, le processus est encore à l'étape de la prospection. Production à la hausse Un programme pilote a été, selon lui, conçu. Ce dernier comporte le forage de trois puits, dont un a été déjà foré à In Salah. Néanmoins, il a déclaré: «On ne peut pas nous engager dans des investissements aussi lourds et onéreux sur la base de trois puits et un pilote. Il faut confirmer beaucoup de choses qui ne sont pas toutes disponibles aujourd'hui». Volet production, M.Sahnoune annonce déjà une reprise en force pour 2014. Il a souligné une progression de 5% sur les neuf premiers mois par rapport à l'exercice 2013. Deux trains de production de Tiguentourine sont en cours de production et le troisième devrait l'être avant la fin de l'année. Selon ses propos, Sonatrach enregistre déjà une «inversion de la tendance» si toutefois «les prix du pétrole restent stables». «Depuis trois à quatre années, c'est la première fois que nous arrivons à opérer une inversion de la tendance.» Pour ce qui est des recettes de Sonatrach, son P-DG prévoit une année autour de 60 milliards de dollars. Avec ce budget, la firme maintiendra ses projets d'investissements. 3 milliards de dollars pour la recherche et l'exploration durant le prochain quinquennat, 3.5 milliards pour le transport et 5 pour la pétrochimie. D'après M.Sahnoune «ceux qui réussissent dans les hydrocarbures non conventionnels ne sont pas ceux qui produisent du gaz sec» mais bel et bien «ceux qui produisent du gaz humide pour récupérer toute la partie condensat et GPL». Ils constituent des «produits hautement valorisants qui permettent d'amortir et de réduire sensiblement les coups. C'est un volet à ne pas négliger», a-t-il expliqué.