Sellal reprend son périple Il a choisi d'aller à la rencontre des populations, il soulève le couvercle et découvre un brasier ardent. Il ne peut plus reculer. Il faut éteindre le feu. De stridents cris de catégories professionnelles, de populations en détresse, de la fumée de la contestation qui s'échappe des couffins du désert à des centaines, parfois à des milliers de kilomètres de Ghardaïa, Djanet, In Guezzam et Illizi parviennent au Palais du gouvernement. Sans répit, le Premier ministre vole au secours pour éteindre des feux qui menacent à chaque fois de prendre des tournures gravissimes pour le pays. Depuis sa nomination au poste de Premier ministre, le 3 septembre 2012, Abdelmalek Sellal a opté pour une stratégie de proximité en allant directement à la rencontre des populations. Il soulève le couvercle et découvre un brasier ardent. Il ne peut plus reculer et le voilà devenu pompier de la République. Demain, il se rendra à l'extrême-sud du pays, non pas pour une farniente ou se pavaner sur les champs... d'Illizi. Il s'y rendra parce que le sang des Algériens a coulé encore une fois dans cette région. M. Sellal visitera Bordj Badji Mokhtar, wilaya d'Adrar et In Guezzam wilaya de Tamanrasset. La tension est vive à l'extrême Sud du pays. Dimanche dernier, des manifestants ont attaqué et saccagé la résidence du wali d'Illizi avant d'incendier son véhicule. Le premier responsable de l'exécutif n'a eu la vie sauve que grâce à l'intervention des forces de sécurité. Mais le pire n'a pas été évité puisqu'on déplore trois morts à la suite de batailles rangées et de rixes sanglantes entre populations. C'est dans ce contexte électrique que - reviendra - le Premier ministre dans ces régions qu'il a déja visité. Il est a signaler que ces régions s'étalent sur une bande frontalière de plus de 1300 km qu'elle partage au nord-est avec la Tunisie au sud avec le Niger sur environ 213 km et à l'est avec la Libye sur près de 1 006 km. Un tableau de bord géographique qui résume toute la fébrilité sécuritaire qui capte le monde avec le chaos libyen. Vendredi dernier, deux hommes armés ont été arrêtés par une patrouille de l'ANP près de Debdeb dans la wilaya d'Illizi à la frontière avec la Libye, a annoncé le ministère de la Défense nationale (MDN). Toujours dans la wilaya d'Illizi et dans une autre opération menée par l'armée dans la zone de Tarat, «15 individus de nationalité malienne ont été arrêtés à bord d'un véhicule tout-terrain», selon le MDN. A quelques exceptions près, les mêmes ingrédients bouillonnent dans le chaudron du M'zab. Bientôt deux ans, les affrontements récurrents viennent nous rappeler dans le sang et la douleur l'inefficacité des mesures prises jusque-là par le gouvernement. Les derniers développements qu'a connus la région, notamment avec la manifestation des policiers, préludent à des lendemains très sérieux. Désormais, aussi bien les services d'ordre que les population ne peuvent plus se suffire de simples mesures de replâtrage conjoncturelles. A ce stade, M.Sellal entamera une phase cruciale de son itinéraire de Premier ministre jonché de tensions sociales extrêmes. La marche des policiers excédés par leurs conditions catastrophiques à Ghardaïa a fait tache d'huile pour s'étendre à Alger, Oran, Constantine et Khenchela. La République allait vaciller quand le pompier Sellal a été appelé à la rescousse. Il présidera d'ailleurs, aujourd'hui, une réunion interministérielle qui prendra en charge les différentes revendications formulées par les policiers protestataires. Une réunion décisive tant les attentes de policiers sont grandes. Depuis sa nomination en tant que Premier ministre, il y a maintenant 25 mois, Abdelmalek Sellal a fait preuve d'un activisme remarquable. Mais est-ce suffisant en l'absence d'une vraie stratégie de développement cohérente et globale? Les problèmes de nature socio-économiques posés par les populations n'ont pas trouvé de solutions en dépit des centaines de milliards de dinars dépensées par le gouvernement. On en est aux palliatifs sans effets réels sur les vraies causes. Cela est un fait, puisque le problème du chômage, de l'habitat et la décentralisation n'ont pas trouvé de solutions véritables. Il ne peut pas y en avoir tant que le chef de l'Exécutif est bridé par ce réflexe du pompier préoccupé à éteindre le feu. Il est quand même paradoxal de constater que dans un pays qu'on dit en chantier à ciel ouvert, on n'arrive pas à trouver du travail pour ses jeunes!