S'exprimant sur les ondes de la chaîne III de la radio nationale, le ministre de la Communication a estimé que nous avons une liberté d'expression la plus importante en Afrique. Il regrette, toutefois, que celle-ci ait connu des « dérives » caractérisées par la « diffamation » et les « injures », où le sensationnel l'emporte au détriment de l'information vraie et sourcée. Reste que pour Grine, « nous avons une presse à majorité vertueuse, même si quelques journaux empruntent des chemins de travers de la diffamation », a-t-il relevé, non sans attribuer cet état de fait à la décennie de terrorisme durant laquelle la presse a construit une opinion consommatrice d'attaques et de sensationnel partant du principe qu'« une bonne nouvelle est une mauvaise nouvelle pour la presse », a-t-il regretté. « Pas de lenteurs ! » Le ministre a estimé qu'on ne peut pas concrétiser le projet de professionnalisation sans adhésion des journalistes et des responsables de presse. Pour lui, il faut absolument qu'il y ait la « réunion » d'un certain nombre d'éléments fédérateurs pour arriver à cet objectif. En matière de mise en place des aspects juridiques devant encadrer les médias, Grine ne veut plus entendre parler de lenteurs. Il a mis en avant l'installation de la commission de délivrance de la carte de journaliste professionnel et la création l'autorité de régulation de l'audiovisuel. Comme il a annoncé la création prochaine de l'autorité de régulation de la presse écrite. Toutefois, la mise en place de celle-ci est tributaire de l'identification, en cours, des journalistes. « S'il n'y a pas d'indentification des journalistes, s'il n'y a pas de carte de presse de journaliste professionnel, il n'y aurait pas d'autorité de régulation », a-t-il rappelé. Le ministre a fait savoir que sur 1.100 dépôts de dossier, 1.003 ont été traités. Un autre élément important : le conseil de l'éthique sera élu par les journalistes. A propos du contenu du message adressé récemment par le chef de l'Etat aux professionnels des médias, à l'occasion de la célébration de la journée nationale de la presse, le ministre considère qu'un journaliste se doit d'être « professionnel, vertueux et d'aimer son pays ». « Le président de la République veut un engagement, un élan, une sincérité de la part des journalistes, il veut des journalistes qui aiment leur pays, qu'ils soient des journalistes qui s'inscrivent dans la déontologie et l'éthique. Le chef de l'Etat leur dit soyez au niveau de vos aînés qui ont fait la révolution et post-révolution ». Revenant sur l'ouverture de l'audiovisuel, Grine souligne que « sur la vingtaine de chaînes qui activent », cinq ont déjà reçu leur accrédition pour installer leurs bureaux à Alger. Le ministre a toutefois souligné l'urgence d'aller vite dans ce processus. Il a précisé que le gouvernement ne fait pas de différence entre les journalistes de la presse privée et ceux de la presse publique. « Nous ferons tout ce qu'il faut pour qu'on arrive à instaurer les mêmes standards dans le cadre de la professionnalisation de la presse », a-t-il promis. Pour le secteur du service public, le ministre compte moderniser un certains nombre de pratiques aussi bien procédurales qu'en matière de management. Mais aussi en redéfinissant un certain nombre de tâches aux journalistes à l'avenir. Pour lui, il faut que les journalistes aient deux garde-fous : la conscience et la déontologie. « Sortez de votre mentalité d'assistés ! » Le marché de la publicité en Algérie a été, également, abordé par l'invité de la chaîne III. Grine a annoncé l'institution, prochaine, d'une loi, qui est en cours d'élaboration, pour réorganiser le mode des agences de communication qui sont aujourd'hui une « véritable faune » où « n'importe qui peut créer son agence avec un simple de registre du commerce ». Le ministre a demandé aux médias « de sortir de leur mentalité d'assistés », précisant que les annonceurs ne sont pas obligés de leur donner de la publicité. « Soyez inventifs et créatifs, nous sommes dans une économie de marché », a-t-il insisté. De ce fait, Grine a estimé que l'Anep n'est pas la publicité, mais une agence d'achat d'espaces publicitaires. « Je ne m'immisce jamais dans la gestion interne » , a-t-il précisé. Il a expliqué que l'attribution du plan média répond à des critères à savoir la déontologue, l'éthique et le tirage. Reste que, selon lui, le dernier mot revient aux annonceurs qui choisissent le support selon leurs objectifs de communication. Le ministre de la Communication a fait savoir que les créances des imprimeries publiques auprès des journaux sont estimées à 400 milliards de centimes. « Depuis que je suis ministre, nous avons pu récupérer entre 50 et 60 milliards de centimes », a-t-il indiqué, appelant les imprimeries publiques à être plus compétitives et ne faire de crédit qu'aux journaux solvables.