L'informel gangrène et concurrence les produits nationaux Ces déclarations démontrent que l'Etat n'a pas une vision claire et précise pour prendre des décisions stratégiques qui concernent l'avenir de l'économie nationale à court et à long terme. Il décide puis il se rétracte. Le gouvernement ne sait plus sur quel pied danser. La fameuse règle des 51/49% a fait l'objet de déclarations contradictoires. Après avoir opposé un niet à son annulation, l'Exécutif renonce à sa décision. La dernière déclaration du ministre de l'Industrie et des Mines vient rajouter une couche à la polémique en confirmant l'ambiguïté qui marque la position de l'Etat. «La règle des 51/49% régissant l'investissement étranger en Algérie, sera expurgée du prochain Code des investissements pour le rendre plus attractif mais ne sera en aucun cas totalement supprimée», a annoncé jeudi dernier M.Abdessalem Bouchouareb, lors d'un point de presse à l'issue de la Conférence sur le développement économique et social. Cela explique-t-il que la règle des 51/49%, qui a suscité la colère des opérateurs étrangers n'aura plus d'effet? Sachant que cette règle a été instaurée dans la loi de finances complémentaire de 2009, suite à la vente de la cimenterie Lafarge par le groupe Sawiris, en guise de sauvegarde du patrimoine national, le gouvernement renonce-t-il à ce principe quatre ans après? Le gouvernement refuse de trancher pour annoncer la couleur. Tantôt il maintient, tantôt il envisage sa suppression laissant place à la confusion totale. Cette question n'a pas cessé de susciter des contradictions dans les déclarations des ministres. Lors de la présentation du plan d'action de son gouvernement devant l'Assemblée populaire nationale (APN) en juin dernier, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a annoncé que la règle des 51/49% sera reconduite par l'Etat. Quelques jours après, le même responsable avait avancé une autre version. «Le gouvernement pourrait envisager la suppression de la règle des 51/49% régissant l'investissement étranger en Algérie pour les secteurs non stratégiques comme celui des PME», a annoncé Sellal dans sa réponse aux préoccupations des députés. Le Premier ministre avait révélé que la suppression de cette règle qui régit la répartition du capital pour les investissements étrangers, a été évoquée par les partenaires de l'Algérie dans le cadre des négociations pour son accession à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). «Pour l'OMC les négociations se poursuivent (...) ils nous ont demandé de revenir sur la règle des 51/49%. Nous sommes encore en discussions mais nous avons une stratégie: nous pouvons répondre (à cette requête) que c'est possible (de supprimer la règle) pour quelques secteurs avec un délai de grâce de quatre à cinq ans», a-t-il déclaré. Des propos complètement désavoués par la suite par le ministre de l'Industrie et des Mines. «La règle des 51/49% sera maintenue et renforcée puisqu'elle sera élargie au commerce de gros et de détail», a-t-il déclaré en marge de la réunion de la tripartite tenue en septembre dernier. Selon le ministre, la refonte du Code des investissements prévoit d'intégrer cette nouvelle mesure qui va mettre de l'ordre dans les marchés de gros et de détail où l'informel gangrène et concurrence les produits nationaux. A peine deux mois, le ministre de l'Industrie adopte une autre version en annonçant que la règle des 51/49% ne va pas figurer dans le Code des investissements. Ces déclarations démontrent que l'Etat n'a pas une vision claire et précise pour prendre des décisions stratégiques qui concernent l'avenir de l'économie nationale à court et à long terme. C'est ce que reproche un expert en économie, Mahdjoub Beda, au gouvernement. Revenant sur la déclaration du ministre de l'Industrie, ce député FLN estime que c'est une bonne chose pour permettre à certains secteurs de sortir de l'oubli. «Avec le recul des prix du pétrole, il faut faire appel aux IDE», a-t-il affirmé. Notre interlocuteur affirme que la règle des 51/49% doit être flexible en la maintenant uniquement dans les secteurs stratégiques. «Il ne faut pas appliquer cette mesure à certains secteurs qui n'arrivent pas à connaître un envol», a-t-il martelé, tout en exprimant que son maintien total permet aux étrangers d'inonder le marché avec des produits importés. Au lieu d'importer, on invite les étrangers à produire ici en Algérie et cela va créer des postes d'emploi et des richesses et va diminuer la facture des importations», a-t-il estimé. Le professeur Lamiri estime que les choses sont claires et que le gouvernement ne veut pas annuler la règle des 51/49%. Pour lui, le fait qu'elle ne figurera pas dans le nouveau Code des investissements ne changera rien à sa portée. La décision est maintenue dans la loi de finances 2015.