Comme en France ou en Algérie ou ailleurs, la nomination du DG de la télévision d'Etat est faite par le chef de l'Etat. En Iran, ce n'est pas le président Rohani mais bien le Guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, qui a nommé samedi dernier à la tête de la radio-télévision d'Etat Mohammad Sarafraz, qui figure sur la liste européenne des personnalités sanctionnées pour des violations des droits de l'homme en Iran. M.Sarafraz, 53 ans, était jusqu'ici le patron du service international de l'Irib (Islamic Republic of Iran Broadcasting) et a notamment lancé les chaînes d'informations en continu Press-TV (anglais), Al-Alam (arabe) et Hispan-TV (espagnol). Avec plus de 20 ans d'expérience, il est «le plus ancien directeur au sein de l'Irib», selon la télévision d'Etat. Comme d'autres responsables de l'Irib, M.Sarafraz a été placé en 2013 par l'Union européenne sur la liste des personnalités sanctionnées pour être «étroitement associées à l'appareil sécuritaire» iranien, notamment par le biais de la diffusion d'«aveux forcés de détenus». Il avait alors condamné cette décision «irrationnelle». Mohammad Sarafraz remplace Ezzatollah Zarghami qui dirigeait l'Irib depuis dix ans et dont le double mandat a été marqué par des controverses lors des victoires électorales de l'ex-président Mahmoud Ahmadinejad en 2005 et 2009. Peu avant la réélection de M.Ahmadinejad qui allait provoquer une vague de contestations en Iran, l'un des candidats réformateurs, Mehdi Karoubi, avait accusé l'Irib d'être «devenue une tribune pour le chef du gouvernement», selon le site d'information conservateur Alef. L'actuel président, le modéré Hassan Rohani, a également critiqué la radio-télévision d'Etat à plusieurs reprises, estimant en août qu'elle ne rapportait pas convenablement l'action de son gouvernement. L'Irib est sous le contrôle direct de l'ayatollah Khamenei, qui nomme son président pour cinq ans. Selon la Constitution, l'Etat a un contrôle monopolistique sur les médias audiovisuels. Les réformateurs, qui possèdent plus d'une dizaine de quotidiens nationaux, critiquent ce monopole et réclament une plus grande diversité. Plus de 40% des Iraniens regardent des chaînes satellitaires en persan diffusées depuis l'étranger, en particulier BBC Persia et Voice of America, malgré l'interdiction des paraboles pour les particuliers, selon une étude citée en août 2013 par les médias. L'Iran est devenu malgré son régime politique islamiste une démocratie cinématographique et audiovisuelle. Le pressionnalisme des techniciens et des réalisateurs iraniens est reconnu dans le monde entier et après le cinéma, la révolution iranienne est en train de toucher l'audiovisuel. [email protected]