L'Algérie c'est le Pérou où beaucoup trouvent leur compte, surtout ceux qui savent flairer les bonnes affaires. Qu'importe, si on n'arrive pas à résoudre l'énigme de la facture alimentaire et tant pis si on assèche le pays de ses devises. Sur ce registre, le chantier avance bien. Le ministre des Finances, M. Djellab, en a révélé hier, devant les sénateurs une partie de l'iceberg. Abordant le transfert illicite de devises vers l'étranger, le ministre a révélé que 600 infractions ont été enregistrées en 2013, ajoutant que 400 contrevenants ont été présentés devant la justice. Mais il ne dit pas quels montants ont été transférés ni les mesures effectives à prendre pour stopper cette saignée. En réalité, le transfert illicite d'argent prend parfois- même souvent- des circuits «légaux». Oui des circuits légaux. Il y a quelques jours, le Centre national de l'informatique et des statistiques des Douanes (Cnis), rapportait cette information pour le moins scandaleuse: «L'Algérie importe des fleurs et des plantes médicinales pour 25 millions de dollars annuellement», selon les statistiques. Aux fleurs, s'ajoutent les fruits exotiques. A cela sans compter les autres importations des autres fruits exotiques, dont le montant se chiffre à des centaines de millions de dollars. Que dire alors de la razzia silencieuse qu'effectuent les banques étrangères dans notre pays sans aucune inquiétude. Les procédés sont simples et multiples. On en cite un parmi tant d'autres. La technique consiste à majorer au client algérien le taux de la devise que ces banques ont achetée à la Banque d'Algérie. En d'autres termes, elles prennent une marge, comme si on achetait de la devise au marché parallèle de Port Saïd. Explication: ces banques achètent de la devise (euros ou dollars) à la Banque d'Algérie (BA) selon un taux de change fixé suivant le cours de la journée. Elles vendent ensuite cet argent au client algérien pour des opérations d'importation mais avec un taux de base différent. Elles majorent ce taux de quelques centièmes. Pourtant, la loi ne les autorise pas à faire cette opération, c'est-à-dire surfacturer le coût de la Banque d'Algérie. Des sommes colossales qui se chiffrent à des milliards de dollars. Au vu et au su des autorités.. des sommes qui auraient pu servir à construire des milliers de logements, dont ont grandement besoin les citoyens algériens, à créer des centres de formation pour les milliers de jeunes sans qualification ou à d'autres opérations pour le bien du citoyen. Que demander de plus? Ces banques ont trouvé un gisement financier et qui ne comprend pas de risques. En effet, avec des opérations du commerce extérieur, elles gagnent plus d'argent en un temps record que de prendre le risque d'investir dans d'autres créneaux. Cette situation n'est pas nouvelle, mais en est toujours au constat. Il y a une année, le gouvernement a avancé le projet de la banque pour les immigrés, les réseaux qui alimentent le marché parallèle de devises. Une banque qui devait garantir un transfert rapide de la devise de l'étranger vers l'Algérie. Un an plus tard, le projet est resté un voeu pieux. Le massacre continue.