Un attentat a fait hier des dizaines de morts dans le centre du Yémen, où des tribus sunnites alliées à Al Qaîda tentent de chasser les combattants chiites qui veulent étendre leur influence après avoir pris le contrôle de Sanaa. Cette attaque a visé dans la ville de Rada la demeure d'un chef tribal où se trouvaient de nombreux militants armés du mouvement chiite d'Ansaruallah. La déflagration est «la plus puissante» à avoir secoué cette ville de la province de Baïda depuis l'arrivée en octobre des miliciens chiites, selon une source militaire. Bénéficiant de la complicité d'unités de l'armée et d'une partie de l'administration restées fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, ces combattants appelés houthis se sont emparés facilement d'importants centres urbains dans l'ouest et le centre après avoir pris le contrôle de Sanaa le 21 septembre. L'alliance entre Ansaruallah et M. Saleh, qui semble plus que jamais déterminé à revenir aux affaires, a été soulignée à la fois par l'ONU et l'administration américaine. Tour à tour, le Conseil de sécurité (le 7 novembre) et Washington (le 10) ont infligé des sanctions contre M. Saleh et deux chefs houthis, frappés d'interdiction de voyage et de gel d'avoirs pour leur rôle jugé «déstabilisateur». De con côté, le gouvernement, qui a prêté serment la semaine dernière, semble déjà impuissant face aux groupes armés qui font la loi au Yémen, pays majoritairement sunnite. Attaqué par M. Saleh et ses alliés chiites, ce gouvernement a affirmé son intention de «maintenir l'ordre», par la voix du ministre de la Défense, le général Mahmoud al-Sobeihi. Mais il n'a pris aucune mesure concrète pour reprendre en main la situation. L'attentat de Rada n'a pas été revendiqué et il était impossible de savoir immédiatement s'il avait été commis par un kamikaze. La tension est très vive dans cette localité où d'autres attaques ont fait 26 morts parmi les houthis en 24 heures, selon des sources tribales. Deux autres attaques de drone se sont produites durant la nuit dans la même région, mais leur bilan reste inconnu. Des membres d'Al Qaîda dans la Péninsule arabique (Aqpa) sont régulièrement tués par des tirs de drones au Yémen, vraisemblablement dans des raids menés par les Etats-Unis qui sont le seul pays à disposer de ces appareils dans la région. Al Qaîda avait reconnu il y a une semaine la mort de deux de ses principaux commandants, Chawki al-Baadani et Nabil al-Dhahab, dans des frappes de drone dans la province de Baïda, qui ont tué au total 20 membres du réseau selon des sources de sécurité. Aqpa, considéré par Washington comme la branche la plus dangereuse du réseau extrémiste, est sur la liste noire américaine des «organisations terroristes étrangères».