Deux soldats ont été tués hier dans une nouvelle attaque à la bombe au Yémen attribuée au réseau extrémiste Al Qaîda, sur fond de grave blocage politique dans le pays. «Une bombe placée par des combattants d'Al Qaîda en bord de route a explosé au passage d'une patrouille de l'armée dans la ville de Shibam», dans la province de Hadramout (sud-est), a indiqué une source militaire. Cette attaque est survenue deux jours après un attentat suicide, revendiqué par Al Qaîda dans la Péninsule arabique (Aqpa), contre des partisans de la rébellion chiite qui a fait 47 morts jeudi à Sanaa. Cet attentat était le plus sanglant depuis qu'Al Qaîda a menacé d'une guerre sans merci les rebelles chiites, appelés houthis, qui se sont emparés de la capitale yéménite Sanaa le 21 septembre. Jeudi également, une attaque suicide également attribuée au réseau extrémiste sunnite a tué vingt soldats dans la province de Hadramout. Al Qaîda a multiplié ces derniers jours les attaques contre les forces de sécurité ainsi que les rebelles chiites ou leurs partisans. Selon un communiqué diffusé par le centre américain de surveillance des sites islamistes SITE, l'Aqpa a affirmé que l'un de ses combattants, identifié comme Abou Mouawiya al-Sanaani, avait fait détoner sa ceinture d'explosifs près d'un rassemblement de partisans des rebelles chiites d'Ansaruallah jeudi. Considérée par les Etats-Unis comme le groupe le plus dangereux du réseau extrémiste, l'Aqpa a profité de l'affaiblissement du pouvoir central en 2011, à la faveur de l'insurrection populaire contre l'ex-président Ali Abdallah Saleh, pour renforcer son emprise dans le pays. Bien implanté dans le sud et le sud-est du Yémen, l'Aqpa a appelé fin septembre les sunnites, majoritaires au Yémen, à l'aider à combattre les rebelles, adeptes du zaïdisme, une branche du chiisme. «Vous allez voir vos têtes voler», avait lancé Al Qaîda à l'adresse des rebelles. «Le risque» d'un conflit armé ouvert entre Al Qaîda et les rebelles «est grand et ne cesse d'augmenter», a déclaré April Longley, spécialiste du Yémen à l'International Crisis Group. Ces violences, doublées de la grave crise politique, menacent de plonger le pays dans la guerre civile. Le président Abd Rabbo Mansour Hadi n'a toujours pas nommé un Premier ministre après avoir été incapable d'imposer mardi son candidat Ahmed Awad ben Mubarak, rejeté par les houthis. Cette nouvelle concession du président a fragilisé son pouvoir face aux rebelles auxquels il a déjà cédé en rectifiant une hausse des prix du carburant et en remerciant l'ancien gouvernement.