«Ce serait un cauchemar!» Pour Toto Wolff, le patron de Mercedes, le pire scénario possible à Abu Dhabi était de voir le duel entre ses deux pilotes, Lewis Hamilton et Nico Rosberg, tourner court en raison d'un problème mécanique. Malheureusement pour lui, les cauchemars deviennent parfois réalité. Comme ce dimanche sur le circuit Yas Marina. Même si la victoire décrochée par le Britannique doit infiniment plus à son talent qu'aux problèmes rencontrés par l'Allemand. D'ailleurs, comme un symbole, Hamilton n'aura pas tardé à doucher les amateurs de suspense en réussissant un envol exceptionnel. Alors que Rosberg avait signé la veille sa 11e pole-position de la saison et démontré que, sur un tour, il était définitivement le plus fort, il voyait cet avantage partir en fumée en restant scotché sur le bitume. Au contraire d'un Britannique bondissant comme jamais. Comme un bonheur n'arrive jamais seul, Hamilton était aussi débarrassé de plusieurs menaces potentielles avec des Red Bull déclassées après les qualifications et obligées de s'élancer de la voie des stands, tandis que Valtteri Bottas ratait totalement son départ pour boucler le premier tour à la 8e place. Il ne restait donc rapidement plus que Felipe Massa pour venir s'immiscer entre les deux Mercedes et faire le jeu de Rosberg. Ce qui aurait pu être une belle revanche pour le Brésilien, dépossédé du titre en 2008 dans l'ultime virage de la saison par Hamilton. Sauf que pour qu'un tel scénario se produise, encore fallait-il à Rosberg prenne les commandes de la course. Ce qu'il n'allait jamais être en mesure de faire. Au bout de deux boucles, Hamilton avait déjà plus d'une seconde d'avance, privant son rival de l'utilisation du DRS. Le premier passage aux stands ne changeait rien à la donne et le Britannique paraissait gérer son avantage, tout en mettant Massa à bonne distance. Bref, Hamilton pilotait sur du velours. Et le meilleur, pour lui, était à venir lorsqu'à la mi-course, Rosberg commettait une petite erreur. Anodine? Non, plutôt annonciatrice des problèmes mécaniques rencontrés par l'Allemand en termes de récupération d'énergie. Obligé de lever le pied pour ne pas casser, le fils de Keke voyait ses espoirs s'envoler au même rythme que les voitures le doublaient. Massa, Bottas, Vettel... Tous venaient enfoncer leur clou sur le cercueil enfermant ses rêves d'un premier titre mondial. Même un abandon d'Hamilton ne pouvait le sauver puisqu'il plongeait au-delà de la 6e place, le minimum requis pour lui. Les dix derniers tours devaient alors s'avérer très longs pour un Hamilton qui demandait même à son stand ne pas lui donner de «puissance supplémentaire» et de «ne rien changer» sur sa voiture, de peur qu'elle casse. Même si cela ne changeait rien pour lui qui était en route vers son deuxième sacre, six ans après le premier. Mais histoire de finir avec panache, le Britannique ne laissait pas Massa lui contester la victoire. Sa onzième de la saison, qui indique bien à quel point il mérite son titre.