Qu'ils soient de la coalition ou de l'opposition, ils ont dénoncé à l'unanimité les problèmes et les retards énormes qu'accuse le secteur en interpellant la ministre pour prendre ses engagements. Pas de langue de bois. Les députés n'ont pas mâché leurs mots. Intervenant hier au débat sur le projet de loi relatif aux règles de signature et de certification électronique, les élus du peuple ont fait un véritable procès à la ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la Communication. Mme Zohra Derdouri a eu droit à une séance de critiques acerbes. Blocage du réseau, faible débit et absence de couverture au niveau national, l'absence de paiement électronique sont autant de problèmes relevés par les élus. Qu'ils soient de la coalition ou de l'opposition, ils ont dénoncé à l'unanimité les problèmes et les retards énormes qu'accuse le secteur en interpellant la ministre à prendre ses engagements. Pour eux, on ne peut pas aller de l'avant et parler de signature électronique si la base n'existe pas. «On ne peut pas mettre la charrue avant les boeufs», a affirmé le député du Parti des travailleurs, Rachid Khan qui a cité comme simple exemple la connexion «qui évolue, dit-il, au rythme d'une tortue». Tout en estimant que ce projet est une bonne chose, ce député pense qu'il faut d'abord améliorer les services de la connexion et du haut débit pour pouvoir lancer des initiatives. Même ton adopté par le député FLN, Slimane Sadaoui. «Comment parler d'un projet de développement des technologies alors que le minimum n'existe pas, à savoir la base», a-t-il martelé en évoquant le fait que la connexion est au compte-gouttes dans les régions limitrophes et des problèmes même dans le téléphone fixe. «L'accès à ces services est un droit du citoyen et non pas un privilège», a-t-il frappé tout en dénonçant les inégalités entre les wilayas. «Comment on introduit l'Internet dans une région et on en prive d'autres», sest-il emporté. La députée du RND, Louisa Boudiba, a également dénoncé l'arnaque des opérateurs et les problèmes liés à la connexion. «Ce n'est pas normal de payer pour un service de la 3G et se retrouver avec une connexion de 2G», a-t-elle asséné en évoquant les blocages récurrents du réseau et les files interminables constatées au quotidien au niveau des bureaux de poste. Revenant sur ce projet, cette élue de Bouira estime qu'il faut d'abord aménager le terrain avant de parler du développement des transactions commerciales et économiques. «Où est la généralisation du paiement électronique, où est le projet de la carte magnétique», s'est interrogé de son côté Mohamed Daoui député du parti El Karama. S'adressant directement à la responsable du secteur, il a tenu à lui rappeler que «l'Algérie n'est pas uniquement la capitale et qu'il faut prendre en charge les autres régions qui souffrent des problèmes de connexion». Le député Fillali Ghouini a interpellé la ministre sur le projet Ousratic. Dans la présentation du projet, Mme Derdouri a souligné que celui-ci prévoit d'asseoir une base juridique permettant de garantir les conditions techniques à même d'établir un climat de confiance pour permettre l'échange électronique des documents et consacrer les principes fondamentaux de la signature et de la certification électroniques en Algérie. Dans sa réponse aux questions des députés, la ministre a expliqué que la généralisation de l'Internet et des services demande des moyens colossaux. Pour les classements au niveau international, la ministre a défendu que l'Algérie a fait des progrès par rapport au pays de la région affirmant que les classements ne reflètent pas la réalité. «Vous savez tous que les classements sont parfois achetés mais nous ne le faisons pas.»