L'ancien rais égyptien, Hosni Moubarak, s'en sort finalement sans dommage à l'issue de son procès (photo Archives) Ces derniers jours, la presse égyptienne pariait sur un acquittement de Moubarak, le climat d'aujourd'hui étant bien différent de celui de 2012. Il avait dirigé d'une main de fer et sans partage l'Egypte pendant prés de 30 ans, au point d'en apparaître comme un nouveau pharaon au pays des pyramides. Il, c'est Hosni Moubarak, homme au destin exceptionnel, si exceptionnel qu'il vient d'être réhabilité par la justice après un procès où il n'aura pas subi les avanies des joutes antérieures. Les charges étaient lourdes et le risque grand car le «raîs» était accusé de complicité de meurtres commis lors des manifestations qui ont emporté son régime, ainsi que de corruption. Il faut dire que l'homme le plus redouté d'Egypte et le plus courtisé du Moyen-Orient a été foudroyé par les révoltes du Printemps arabe, malgré sa vive résistance 18 jours durant au bout desquels on a dénombré 850 victimes officiellement recensées. Agé de 86 ans, Hosni Moubarak va-t-il découvrir prochainement le bout du tunnel? Déjà condamné à trois ans de prison pour une autre affaire de corruption, il reste détenu à l'hôpital militaire du Caire mais les signes sont éloquents quant à son éventuelle réhabilitation dés lors que l'ex-ministre de l'Intérieur Habib al-Adly et quatre hauts responsables de la sécurité ont été acquittés par le même tribunal convaincu de leur «innocence». Les accusations pesant contre ses fils Alaa et Gamal, accusés également de corruption, ont été abandonnées en raison de la prescription des faits. Ces derniers jours, la presse égyptienne pariait sur un acquittement de Moubarak, le climat d'aujourd'hui étant bien différent de celui de 2012. Les procès de M.Moubarak étaient, au tout début, très médiatisés mais ils sont devenus secondaires depuis que son successeur, l'islamiste Mohamed Morsi, renversé en juillet 2013 par l'ex-chef de l'armée et actuel président Abdel Fattah al-Sissi, s'est retrouvé en prison. M.Morsi et la quasi-totalité des dirigeants de la confrérie des Frères musulmans sont incarcérés pour cause d'atteinte à la sécurité intérieure et ils encourent la peine de mort dans les divers procès qui vont être engagés contre eux. Les médias et une grande partie de l'opinion publique les accusent, en effet, d'être la cause des violences qui ont secoué le pays depuis 2011. Au terme du bras de fer entre l'armée et Morsi, plus de 1400 islamistes ont été tués par la police et l'armée, essentiellement au Caire, et plus de 15.000 Frères musulmans ou sympathisants ont été emprisonnés, pour avoir enfreint la loi interdisant les manifestations. Ce revirement de l'histoire a eu son impact positif sur le destin de Moubarak et de ses fils qui, en 2011, faisaient l'objet d'une vindicte et d'un déchaînement des passions de la foule égyptienne, à la recherche d'un lynchage pur et simple des dirigeants soupçonnés d'avoir embastillé tout un peuple pour se livrer au pillage de ses richesses. Accusations un peu simplistes, même s'il y a toujours du vrai dans toute diatribe. Si les fils de Hosni Moubarak ont pu tirer profit de son règne despotique sur les terres de la basse et de la haute Egypte, le cas du raïs, lui, ne peut être considéré de la même manière. Moubarak a mené plusieurs guerres contre Israël, il a conféré à l'Egypte un statut de premier plan aussi bien dans le Monde arabe et musulman qu'au sein de l'Union africaine. Respecté par les pays occidentaux, il était un partenaire d'autant plus recherché qu'il allait toujours dans le sens des intérêts seyant à Israël et à ses parrains, tout en veillant à obtenir un minimum pour l'Egypte. Voilà pourquoi, il faut s'attendre à ce que le raïs honni il y a quatre ans soit désormais un homme en voie de réhabilitation, au gré de l'avènement de l'actuel chef de l'Etat, le général Abdelfatah Al Sissi, qui semble résolu à tourner définitivement la page d'une période trouble et tourmentée en rendant à Hosni ce qui appartient à Moubarak: sa dignité.