La violence contre la gent féminine ne cesse de prendre des proportions alarmantes. Plus de 27 femmes ont été tuées. Une profonde crise morale s'est incarnée ces dernières années en Algérie. L'Algérien est de plus en plus violent. Le constat est effrayant, notamment au vu des chiffres des violences faites aux femmes, lesquelles coupent le souffle. Le bilan établi, hier, à Alger par la direction de la police judiciaire sur les violences donne des sueurs froides. En effet, plus de 7000 femmes ont été victimes de violences et de pratiques sauvages durant les neuf premiers mois de 2014. «Les services de sécurité ont recensé, lors des neuf premiers mois de 2014, des cas de violences contre 6 985 femmes», a précisé Mme Kheira Messaoudène, commissaire divisionnaire chargée du Bureau national de la protection de l'enfance et de la délinquance juvénile à la direction de la police judiciaire, en expliquant que la hausse de cette violence est liée essentiellement à la non-dénonciation et à la passivité des citoyens. Face à une loi qui ne protége pas et une société qui ne dénonce pas, les fillettes, les femmes enceintes et les vieilles femmes de plus de 70 ans sont violentées, insultées et malmenées par des inconnus dans la rue comme par des proches au domicile. Elles subissent toutes sortes d'humiliations «la violence ne cesse de prendre de l'ampleur dans une société conservatrice qui ne dénonce pas. Il est temps de conjuguer les rôles des organismes en charge de la lutte contre ce fléau», a souligné Mme Messaoudène en précisant que les chiffres avancés ne reflètent pas la réalité, ils ne sont qu'une face visible de l'iceberg. La violence est banalisée. Sur le total des femmes violentées, l'officier supérieur a indiqué que «plus de 5160 femmes ont subi des violences corporelles soit plus de 73%, 1 508 ont souffert de maltraitance, 205 ont été victimes d'agressions sexuelles. Les femmes mariées sont les plus touchées par ces violences avec 3847». A cause de l'extrême violence, en neuf mois, 27 femmes ont perdu la vie, alourdissant ainsi le bilan des meurtres en Algérie. «Prés de 100 femmes âgées de plus de 75 ans ont été victimes de violences, 27 femmes ont été victimes d'homicides volontaires, et plus de 2000 femmes ont été agressées sexuellement durant les neuf premiers mois de l'année en cours», a regretté la responsable. Dans le même contexte, Alger vient en tête des wilayas ayant enregistré le plus grand nombre de cas de violences contre les femmes avec plus de 1100 affaires, suivie d'Oran avec plus de 500 et Constantine avec plus de 300 cas enregistrés. L'officier, a mis l'accent, sur l'indifférence et le silence des uns et des autres, notamment que leur passivité favorise la violence et la criminalité dans la société. La même conférencière a relevé que le problème de la violence à l'égard des femmes dans la société ne se limite pas à une tranche d'âge, mais touche toutes les catégories et concerne toutes les femmes. Par ailleurs, les représentants de la société civile qui ont pris part à la conférence, ont appelé a la conjugaison des efforts et la contribution de toutes les parties de la société pour stopper ce dangereux phénomène. Enfin, en l'absence de dénonciation, les chiffres restent incertains, d'autant que la passivité, l'indifférence et l'impunité encouragent la recrudescence de cette violence..