6.985 femmes ont été victimes de violence durant les neuf premiers mois de l'année 2014. 5.163 ont subi des violences corporelles, 1.508 des maltraitances et 205 furent abusées sexuellement. 27 cas d'homicide volontaire et 3 cas d'inceste ont été enregistrés. Tels sont les chiffres avancés par Kheïra Messaoudène, commissaire chargée de la protection des enfants à la direction générale de la police judiciaire. Elle s'exprimait, hier, lors d'une rencontre sur la lutte contre la violence à l'égard des femmes au forum de la Sûreté nationale, à l'Ecole de police Ali-Tounsi. Parmi ces victimes, « 3.847 sont mariées, 1.875 sont célibataires et 751 divorcées », a-t-elle précisé. 1.221 femmes violentées sont âgées de 26 à 35 ans, 1.543 de 19 à 25 ans, 1.488 de 35 à 45 ans. 1.267 n'ont pas de niveau d'instruction, 1.909 ont un niveau moyen, 1.554 ont un niveau secondaire, 603 n'ont pas fini le cycle primaire. Plus de 4.630 femmes victimes de violence sont sans profession, 1.510 sont fonctionnaires et 307 sont universitaires. 3.312 cas ont subi des violences au sein du domicile conjugal ou familial et 1.960 dans la rue. Les chiffres avancés font également ressortir le nombre de 7.268 auteurs impliqués dans ces violences. 3.362 sont étrangers à la victime, 1.701 sont des conjoints (époux ou fiancés). 1.001 en sont les proches (père, frère, cousin). 3.533 des auteurs sont mariés, 2.272 sont célibataires et 236 divorcés. La jalousie et l'absence d'entente en sont les principales causes. La wilaya d'Alger reste en tête de liste en termes de violence à l'égard des femmes avec 1.135 cas contre 495 à Oran et 382 à Constantine. Souffrance en silence « Les chiffres ne reflètent pas la réalité de la situation car bon nombre de femmes souffrent en silence », a précisé Mme Messaoudène. « Même si son niveau d'instruction est élevé, la femme algérienne reste conservatrice et ne va jamais jusqu'au bout de sa plainte même si elle est munie d'un certificat de médecine légale », a déploré la responsable. La violence à l'égard des femmes étant en constante évolution ces dernières années, Mme Kheira Messaoudène a souligné qu'« il est important de parler de la violence car c'est un pas important pour briser les tabous ». « La Sûreté nationale a mis en place les mécanismes nécessaires permettant d'assurer une protection aux femmes et aux enfants victimes de violence », a-t-elle affirmé. Mme Malika Moussaoui, directrice chargée de la femme au ministère de la Solidarité nationale, a évoqué la stratégie nationale de lutte contre la violence à l'égard des femmes. Celle-ci implique tous les secteurs, notamment le mouvement associatif. « Le code pénal a été modifié en 2005 et une loi relative contre le harcèlement a été adoptée », a-t-elle indiqué. « Le code pénal sera remanié très prochainement avec l'introduction de nouvelles sanctions telles que les violences économiques en milieu familial et sur les lieux publics », a-t-elle précisé. « Une commission nationale composée d'experts et de spécialistes existe depuis 2013. Elle a organisé plusieurs rencontres avec le mouvement associatif pour apporter de nouvelles modifications au plan de travail lancé par le ministère quant à la prise en charge des femmes violentées, à la sensibilisation et à la prévention », a-t-elle affirmé . Le secteur a mis en place des centres spécialisés pour l'accueil des femmes en détresse en vue d'une réintégration familiale et d'une insertion professionnelle. « Ces femmes sont prises en charge sur les plans médical et psychologique et bénéficient d'un suivi », a expliqué l'intervenante. Cette dernière a rappelé que les formateurs qui encadrent les centres spécialisés ont bénéficié d'une formation de cinq mois avec l'appui de l'ONU.