Le port de Ténès L'avènement de ce port permettra de mettre fin aux opérations de transbordement qui coûtent cher à l'Economie nationale. Ténes ou Cherchell? Les tergiversations autour de l'endroit où sera construit le nouveau port économique (port centre) fusent. Des atouts techniques considérables pour la première, moins pour la deuxième, les autorités des deux villes croisent les doigts jusqu'à lannonce de celle retenue. Evoqué par l'ex-ministre des Transports, Amar Tou, le projet a été vite mis en stand-by avec le départ de ce dernier. Seulement, tout a été relancé le 4 novembre dernier, lorsque le Premier ministre Abdelmalek Sellal, a évoqué la réalisation de ce port entre Cherchell (Tipasa) et Ténès (Chlef). «Le nouveau port d'Alger, qui s'étendra sur une superficie de plus de 1000 hectares, sera réalisé en eaux profondes, dans la zone située entre Cherchell et Ténès» avait déclaré M.Sellal, tout en soulignant que le projet devrait être financé par la Société de gestion des participations des ports (SGP- Sogeports). Selon une source bien informée du dossier, la ville de Gouraya (40km à l'Ouest de Cherchell) a ses admirateurs au sein du ministère des Transports qui a lancé une étude de faisabilité. Cette ville possède déjà un port de pêche, mais à son désavantage, elle n'est accessible que par une route nationale «étroite», outre qu'elle tourne le dos aux montagnes du Dahra. Selon un expert dans le domaine, il s'agit de caractéristiques géographiques peu reluisantes par rapport aux spécificités requises pour un tel projet. L'autre option, celle de Ténès, présente des caractéristiques plus adéquates et fait valoir ses atouts pour accueillir un tel projet. A commencer par le réseau routier, notamment sa proximité avec l'autoroute Est-Ouest et le réseau ferroviaire à partir de Chlef (58 km). L'autoroute Ténès-Tissemsilt est en cours de réalisation. Autre avantage, les eaux profondes de cette ville, non sans oublier qu'elle possède déjà l'infrastructure de base. La bande côtière de cette ville représente 10% de la côte nationale. La ville est implantée au carrefour de trois wilayas. Autant d'avantages techniques qui doivent être pris en considération selon des sources portuaires, à Ténès. L'Algérie possède actuellement 10 ports commerciaux, dont neuf datant de l'ère coloniale: Alger, Annaba, Arzew (Oran), Béjaïa, Djendjen (Jijel), Ghazaouet (Tlemcen), Mostaganem, Oran, Skikda et Ténès (Chlef). La réalisation de ce nouveau port avec un grand tirant d'eau facilitera et permettra l'accostage de navires de gros tonnages. Ce qui n'est pas encore le cas, selon un expert maritime, puisqu'aujourd'hui les marchandises destinées à l'Algérie sont transbordées aux ports de Giatora (Italie) et d'Algesiras (Espagne), car la profondeur dans la plupart des ports algériens ne dépasse pas les 11 mètres. Il convient de souligner que chaque retard d'entrée de navires dans les ports cause d'énormes pertes à l'économie nationale. Une journée de retard est facturée de 5000 à 20.000 dollars. Donc le choix d'opter pour un nouveau port est, pour Djamel Chorfi, président du Conseil national de l'Ordre des architectes (Cnoa), «un choix de coûts». Pour lui, l'élément déterminant dans le choix de la ville serait «la bathymétrie (profondeur de l'eau)». Vu sa dimension, le futur port serait selon M.Chorfi, le plus grand en Méditerranée. Pour les délais de livraison d'un tel projet, M.Chorfi estime qu'ils varient entre trois et quatre années. Ce projet devient «urgent», surtout que le trafic maritime en Méditerranée ne cesse d'augmenter depuis 15 ans avec 50% de capacités de transports supplémentaires entre 1997 et 2006 et 25.000 navires y naviguent chaque année, mais l'Algérie n'a pas su profiter de ce flux, à la différence des Egyptiens et Marocains qui se sont rapidement dotés de hub de transbordement. L'Algérie a par contre développé une stratégie de ports secs. Les principales compagnies maritimes mondiales possèdent leurs ports secs dans la banlieue d'Alger comme la compagnie maritime francaise CMA-CGM qui a créé le sien en 2005 à Rouiba. Par ailleurs, au delà du fait d'avoir un nouveau port économique, ce dernier permettra la «décongestion» de la capitale selon M.Chorfi, et ce en récupérant d'énormes assiettes foncières.