Eternel Madiba Présenté à la sélection des films documentaire en compétition officielle, le film de Khalo Matabane est un regard avant tout personnel posé sur un leader iconique des plus célèbres de l'Afrique du Sud. A Tunis le temps se rafraîchit au fur et à mesure que l'ambiance se chauffe chaque soir sur le dance floor. Ici, aux journées cinématographiques de Carthage, les festivaliers ont droit chaque soir à des compensations à forte dose de décibels dans un décor original qui rappellerait bien un endroit bien côté à Paris, appelé le Comptoir, fréquenté bien souvent par les artistes et les gens branchés de la ville. Beyouna continue, de son côté, à faire son cinéma in live, épique! Et nous on adore ça! Autre chose qu'on aime ici c'est aussi la multiplication des salles qui donnent un éventail très large aussi bien que riche de la cinématographie mondiale bien que cela donne souvent le tournis afin de choisir «le» film à voir, à ne pas rater, à défaut d'en rater d'autres, parfois meilleurs ou moins bons. Sauf que l'on ne saura jamais si l'on n'a pas vu le film... Lundi un des films qui a retenu notre attention, en tout cas, aura été bel et bien le documentaire de Khalo Matabane. Intitulé Mandela, le mythe et moi, ce film de 85 mn est loin de l'image «reportage» que d'aucuns auraient pu se fabriquer du sujet. Comprendre une succession d'informations tirées de wikipedia. Nelson Mandela: le mythe et moi est bien plus que ça et encore. C'est avant d'être un retour vers le passé, une halte dans le présent et une série de questionnements sur le devenir de la société sud-africaine et la portée du message de Mandela. Quelle image les jeunes Sud-Africains en gardent aujourd'hui? Son idéal va-t-il être respecté? Perpétué? A-t-il été trahi? Comment? Par qui? Dans la genèse de ce film, décliné en prologue et un épilogue, précise-t-on en images, le réalisateur Khalo Matabane revient sur les traces de cette légende vivante et le rapport qu'il entretient avec lui depuis son enfance à nos jours. Le réalisateur revient pour ce faire dans le village natal où il a grandi avec le souvenir de cet homme qui discourait avec force et conviction mais qui ressemblait à un monstre. Petit à petit son imaginaire s'est aiguisé, sa toile de fond s'est nourrie à cette cause de liberté et droit pour tous, soit l'égalité entre homme blanc et homme noir. Mais pour construire véritablement l'identité du personnage Nelson, Khalo est parti demander à plusieurs penseurs mondiaux, des victimes de l'apartheid et l'entourage de Mandela de classer les réalisations de Nelson Mandela, offrant ainsi une approche multiple du mythe. Parmi ces témoignages nous retrouvons notamment, le prix Nobel de littérature sud africain mais aussi le dalaï-lama et autres journalistes et écrivains qui l'ont bien connu et ont souligné sa droiture et son honnêteté politique pour une justice, non seulement en Afrique du Sud mais aussi dans tout le continent noir. Si des images plus attractives sont montrées, telle sa rencontre avec Michael Jackson ou le concert de Wenbley pour la libération de Mandela, d'autres plus dures sont évoquées telles les souffrances et la misère de ce peuple suggérées et même rapportées par des jeunes jusqu'à être soulignées en filigrane dans des plans esthétiquement des plus beaux mais métaphoriques qui convoquent et convoitent le regard du spectateur autant qu'ils écoeurent parfois, à l'instar de cet animal dépecé, mort et envahi de vermine. C'est un gros plan qui est donné à voir à ce moment donnant presque la nausée. Très personnel comme film introspectif, Nelson Mandela, le mythe et moi donne un aperçu du sentiment général que porte le monde sur Mandela, son mythe tout en s'impliquant dans ce fragment mémoriel par des questionnements à même de laisser le champ ouvert à maintes interprétations autant que visions sur la vocation du leader qui était Mandela lequel un jour écrivit «je suis préparé à mourir»... Chose rare qu'un homme puisse déclarer.. le film intéressant à plus d'un titre retrace tout de même le parcours militant de Mandela en mettant le réalisateur face à ses angoisses légitimes de compréhension, en s'insérant carrément dans le cadre, façon de signifier son acte de présence jusqu'à la démythification paradoxale de Mandela qui devient un homme à sonder, à inspecter et pourquoi pas juger? Le pardon est enfin évoqué, celui de ceux qui ont commis des crimes contre l'humanité et de souligner ainsi le profond humanisme qui animait Nelson Mandela, un peu disparu ou évaporé de nos jours. Auteur de plusieurs films documentaires, Khalo Matabane possède notamment Conversation on a Sunday afternoon qui est le premier volet d'une trilogie de films basés sur l'improvisation et tournés en vidéo numérique sur la mondialisation. A côté de son travail de cinéaste, Khalo écrit aussi occasionnellement sur le cinéma et la politique. Nelson Mandela est un film documentaire qui secoue certes le fonds de recherche qui se veut précieux mais se regarde également tant l'image se veut également imprégnée d'un certain esthétisme florissant qui parfois côtoie l'étonnant mirage du rêve évanescent. Le mtyhe n'est-ce pas tout ça à la fois?