Les éditions Dalimen viennent de publier deux ouvrages de deux auteurs atypiques, «D'amours et de fantômes» de Karim Bekkour et «Une place au cybercafé» de Djamel Kharchi. Le premier livre se présente, nous dit-on, comme une «véritable saga qui nous emporte dans une folle équipée spatio-temporelle pour nous faire vivre l'histoire d'un amour que la haine et les fantômes s'acharneront à détruire.» A l'instar de bien des couples avant eux, Laura et Mourad «ont des fantômes plein les placards» et «de l'amour, ils en laisseront en héritage». L'auteur se singularise par une trajectoire professionnelle très singulière; depuis les chantiers de forage du Grand Sud à l'Institut du pétrole de Boumerdès avant de finir comme enseignant-chercheur à l'université de Strasbourg. Ceci explique cela, il livre à travers un périple à donner le vertige puisqu'il englobe divers continents «la figure de l'histoire de tous les réprouvés du monde, des passions et des haines hantées par toutes les tragédeies de ce versant-ci de notre monde». Dans l'autre ouvrage, Djamel Kharchi qui a déjà de nombreux titres à son actif s'assigne à un travail statique, la narration d'une histoire personnelle, celle de Rachid le géant d'un cybercafé qui a perdu partiellement la mémoire à la suite d'un accident de la circulation. Au fil des réminiscences, la reconquête des souvenirs depuis octobre 1988 s'accompagne d'une introspection où la conscience devient juge. Mélant fort à propos les évènements sociopolitiques et l'histoire personnelle, comme la narration d'un divorce jamais guéri et où l'ancienne épouse ressurgit du passé à travers Internet, Djamel Kharchi transcende la narration sentimentale pour tenter de cerner la société contemporaine où Internet est roi, donnant aux réseaux sociaux la fonction des rêves qui n'existe, bien sûr, que dans l'imaginaire des légendes urbaines.