Depuis peu, Bouira ne dépend plus de Tizi Ouzou et a un conseil de l'Ordre exceptionnel... C'était la fête jeudi sur les hauteurs du Djurdjura à Bouira la belle localité, véritable carrefour du centre-nord du pays. C'était la fête car le bâtonnat local devenu, par la force de la formation, un véritable pourvoyeur d'emplois assurés pour des jeunes formés dans la défense du droit à Tizi Ouzou... Des jeunes intellectuels heureux pour cette inoubliable journée pour tous avec à leur tête la bâtonnière Wafia Sidhoum, la première femme élue largement par un conseil de l'Ordre où figurent six avocates: une première dans notre pays. Alger n'a pas autant d'avocates élues. Bravo Maître! C'était la fête, car le conseil de l'Ordre a jugé utile de ne pas organiser la cérémonie au siège de la cour de justice du coin car trop exiguë pour contenir tant de monde, surtout que depuis que Bouira a quitté le bâtonnat de Tizi Ouzou, les parents se déplacent en nombre applaudir leurs enfants lauréats. Ils sont venus de partout. Bouira, bien sûr, Lakhdaria, Aïn Bessem, Sour El Ghozlane, Tikjda, El Adjiba Ahl El Ksar (tiens, tiens) Djebahia, Kadiria, Aomar et les agglomérations accrochées sur les flancs des majestueuses montagnes de la grande Kabylie, pas encore habillées du manteau blanc... C'était un réel plaisir que de voir les mines réjouies de tous les présents, un jour inoubliable assurément avec la fierté que désormais Bouira, comme Boumerdès, peuvent se passer de la ville des Genêts. Comme quoi, les «petits» sont devenus adultes! La bâtonnière Sidhoum honorée à deux reprises par Tayeb Louh, ministre de la Justice et garde des Sceaux, qui n'est pas venu parce que retenu au Sénat, ravi d'entrer dans l'histoire comme étant le premier ministre de la Justice à avoir installé la deuxième bâtonnière d'Afrique et donc à graver dans les mémoires des Algériens... Il y avait aussi beaucoup d'invités parmi cette foule bigarrée, bruyante, impatiente d'assister à cette grandiose cérémonie de levée de stage. Les bâtonniers Ahmed Saï de Sétif, de Boumerdès, Ahmed Benantar, Challat, Si Youssef de Tizi Ouzou, de Médéa Ablaoui, les représentants d'Alger, de Blida, de Batna ont tous pris la parole tout comme Ouardia Naït Kaci, la présidente de cour, Mohammed Zouggar, procureur général pour exhorter les nouveaux capés à prendre place dès janvier 2015 dans le banc de la formation continue, seule issue pour tenter de rejoindre le monde extérieur. Plutôt émue qu'heureuse, Wafia Sidhoum, la bâtonnière s'est limitée à remercier tous ceux qui, de près ou de loin, ont participé à la réussite de cette journée qui restera, sans nul doute, gravée dans les mémoires. Outre les parents, notons la présence de nombreux magistrats des cours voisines qui ont tenu à vivre d'agréables moments, surtout que des avocats très jeunes ont joué «la saynète» du juge qui avait, en 1789, en pleine révolution française, assisté depuis son balcon, à un crime de sang, vu le tueur et condamné le... passant venu au secours de la victime agonisante, mais un couteau à la main... C'était l'appel de l'avocat né de la révolution au juge de la même tranchée: un appel à la conscience du magistrat du siège! Un régal que ce morceau... Alors que la fête battait son plein, la bâtonnière Sidhoum nous fit part de son bonheur de vivre des moments pareils avant de nous signaler qu'au mois de septembre 2014, elle avait été invitée par le barreau de Paris au Mali où avait commencé la «reconstruction du Mali par le droit», un thème cher aux Maliens. Puis, Wafia Sidhoum d'ajouter, le regard serein et net: «Je n'oublierai pas non plus que le ministre de la Justice malien avait émis le désir de rencontrer Tayeb Louh, notre ministre de la Justice pour son expérience quant aux dispositions prises dans la protection des frontières.» Avant de nous quitter pour ses invités, la bâtonnière s'était remémorée le geste effectué du barreau de Paris qui a formé le jeune Maître Rida Darradji de Lakhdaria: «C'était là le fruit de ma visite de courtoisie en France, Paris et Poitiers (Poitou) où la bâtonnière de cette ville d'où Charles Martel aurait chassé les... Arabes en 734!!! m'avait, elle aussi, honorée et dit sa joie de recevoir les gens du droit algériens. Encore une fois, le bâtonnat a confirmé qu'il était pourvoyeur d'emplois. 152 nouveaux avocats sont sur le marché à Bouira.