Les revenus du secteur audiovisuel en ligne sur Internet devraient atteindre 37,8 milliards de yuans (6 milliards de dollars) en 2014, selon un rapport publié jeudi dernier à Shanghai à l'occasion du 6e Forum de l'industrie audiovisuelle en ligne de Chine a rapporté l'agence Xinhua. Parmi ces revenus 53% proviennent de la diffusion de vidéos sur Internet, 21% de la diffusion de musique, et 13% des services de télévision sur téléphone portable, précise le rapport. En juillet 2014, l'audience des vidéos en ligne était de 439 millions, soit plus de 70% des internautes chinois, tandis que celle des vidéos sur téléphones portables était de 300 millions. Le forum est co-organisé par l'Administration nationale de la presse, de la publication, de la radiodiffusion, du cinéma et de la télévision et le gouvernement municipal de Shanghai. Par ailleurs, en Chine, les productions audiovisuelles télévisées ou cinématographiques, suscitent de plus en plus la convoitise des grands groupes issus d'univers pourtant différents. Alibaba, le numéro un du commerce en ligne, et Tencent, l'éditeur de jeux vidéo devenu incontournable sur les réseaux sociaux sur mobile, multiplient les initiatives pour prendre pied sur ce qui fait figure de nouvel eldorado. Alibaba regarde aussi le dossier Lions Gate. Une équipe de dirigeants du groupe, emmenée par le patron Jack Ma lui-même, s'est rendue à Hollywood, début novembre, pour y explorer différentes pistes de partenariat. Quant à Tencent, il vient de signer avec HBO, la chaîne de Time Warner, afin de devenir le distributeur exclusif de ses productions sur l'Internet chinois. Au-delà des productions américaines, qui représentent le nec-plus-ultra en termes de qualité et d'attractivité pour les spectateurs, ce sont bien les contenus vidéos, dans leur ensemble qui suscitent la convoitise de ces groupes. Baidu, le moteur de recherche, ou encore Xiaomi, le petit nouveau sur la planète des smartphones, ont chacun leur stratégie pour se lancer dans cette bataille. Tous deux ont pris des parts dans Aiqiyi, le principal portail de vidéos en Chine, tandis que Xiaomi annonçait des projets de coproduction de contenus avec Youku Tudou, l'autre grand portail vidéo chinois. Pendant ce temps, Alibaba rachetait, pour 600 millions d'euros, 60% des studios de production China Media Group, et entrait au capital des studios chinois Huayi Brothers... aux côtés de Tencent. Et la liste n'est pas exhaustive. Derrière cette ruée, il y a, certes, un élément politique: Pékin a clairement fait savoir qu'il comptait sur le cinéma pour faire rayonner le «soft power» de la Chine, et ce volontarisme suffit presque à garantir un bel avenir à la filière. Mais ce sont surtout les perspectives économiques qui attirent les grands groupes chinois. Tous sont à la recherche de moyens de diversifier leurs revenus, ayant atteint des positions dominantes dans leurs industries respectives. Le cinéma est une cible tentante: avec une croissance de son chiffre d'affaires de 30% en moyenne depuis 10 ans, le marché chinois est désormais numéro deux au monde, derrière les Etats-Unis. [email protected]