Le Palais du gouvernement Yousfi, Djellab, Bouchouareb et Benyounès sont les quatre ministres sur lesquels repose l'avenir du pays à court terme. C'est à eux qu'incombe la difficile tâche de gérer au mieux la situation financière du pays. Depuis que le prix du pétrole est descendu au-dessous des 60 dollars, c'est la panique au gouvernement. La semaine dernière, le Premier ministre Sellal a réuni à deux reprises les membres de son Exécutif et cela dans le but de préparer des plans pour parer à cette crise qui risque de secouer le pays et faire tomber le gouvernement. Quatre ministres sont les plus sollicités dans l'Exécutif pour faire face à cette crise: les ministres de l'Energie, Youcef Yousfi, du Commerce, Amara Benyounès, celui de l'Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb, et des Finances, Mohamed Djellab. C'est sur ce dernier que repose l'essentiel du dossier de la gestion de la crise de la chute du prix du pétrole. C'est lui notamment qui est responsable de la rédaction de la loi de finances 2015 et éventuellement d'une loi de finances complémentaire si le prix du baril continue de descendre. Le ministre des Finances aura la lourde tâche de réduire les importations et d'équilibrer les dépenses du gouvernement. En d'autres termes, c'est lui qui servira de régulateur dans la distribution de la manne financière, mais toujours sur instruction du Premier ministre et surtout du président Bouteflika. Mohamed Djellab, qui est un homme des situations difficiles et un gestionnaire des crises, pourra-t-il être à la hauteur de la mission? Il faut préciser que l'actuel ministre des Finances qui a été l'un des premiers comptables à l'indépendance, a été administrateur provisoire de Khalifa Bank en 2003 et contribua au développement de la CPA quand il était P-DG de cette banque entre 2005 et 2013. Un ancien banquier est toujours le mieux indiqué pour faire des réductions ou des coupures dans les budgets. Pour réussir sa mission, il doit être connecté quotidiennement avec le ministre de l'Energie Youcef Yousfi, qui lui donne les tendances du marché pétrolier mondial et qui l'oriente sur les décisions urgentes à prendre. Dans cette affaire, le rôle du ministre de l'Energie est primordial. Il est important en «amont» pour protéger nos intérêts pétroliers dans la région et maintenir nos ventes commerciales aux clients européens et africains et il est important en «aval» pour tenter de peser de son poids dans l'Opep afin de défendre une production pétrolière algérienne et tenter de trouver des solutions à la chute continue du prix du pétrole. La présence de Youcef Yousfi dans le gouvernement rassure, car c'est un ministre patient qui ne panique pas une catastrophe. C'est un excellent diplomate, rompu à la gestion des crises. L'ancien président de l'Opep entre 1998 et 1999, l'ambassadeur d'Algérie au Canada entre 2001 et 2005 et l'ancien représentant permanent auprès des Nations unies à New York, entre 2006 et 2008, a gardé ses contacts avec les experts les plus avertis en matière de marché pétrolier. Comme son collègue aux Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, le ministre de l'Energie passe son temps dans les voyages pour faire la tournée des capitales à la recherche d'un consensus pour stopper la chute du prix du baril de pétrole. Avec sa position politique confortable, Yousfi est devenu le médiateur privilégié pour Moscou, Caracas et Téhéran, pour discuter avec les Américains, les Saoudiens et les Qataris sur sa stabilisation du prix du pétrole. A côté des finances et de l'énergie, le ministre de l'Industrie et des Mines Abdessalem Bouchouareb s'est fixé une nouvelle mission, celle de donner un coup d'accélérateur à l'industrie algérienne locale. Possédant une ressource naturelle incommensurable, l'Algérie a fortement négligé sa production industrielle. Bouchouareb qui est aussi bien sur le terrain à l'étranger et en Algérie compte également relancer la production comme l'unique solution pour stopper l'importation de l'étranger et toucher aux ressources. Après avoir accompagné le Premier ministre aux Etats-Unis, en France et en Grande-Bretagne, Abdessalem Bouchouareb, poursuit sa mission de partenariat avec des pays amis en vue de trouver des opportunités de coopération. C'était le cas avant-hier avec l'ambassadeur du Koweït en Algérie, M.Saoud Fayçal El-Dewich qui a souhaité que «les échanges entre les deux pays se développent davantage», en citant l'exemple de la banque AGB présente en Algérie, surtout que «plusieurs» entreprises koweitiennes ont déjà exprimé leur souhait de venir en Algérie pour établir des contacts pour d'éventuels partenariats. Le ministre de l'Industrie et des Mines Abdessalem Bouchouareb a également rencontré jeudi l'ambassadeur du Japon à Alger M.Masaya Fujiwara, dans le but de redynamiser la coopération entre les deux pays dans les secteurs qui génèrent un transfert de technologie et de savoir-faire, comme la pétrochimie, l'industrie automobile, les énergies renouvelables et l'électronique. Des secteurs qui deviennent urgents pour faire sortir l'Algérie de la dépendance du pétrole. Enfin, le quatrième homme sur lequel compte le Premier ministre pour éviter une explosion sociale, est le ministre du Commerce Amara Benyounès. Ce dernier est aussi bien offensif sur le terrain de la communication pour rassurer les Algériens que pour stabiliser la demande urgente des consommateurs. Avec la chute du prix du pétrole et la hausse vertigineuse de certains produits de consommation comme la pomme de terre, la viande blanche et certains produits laitiers, le ministre du Commerce doit maintenir le contrôle des prix et subventionner les produits de large consommation comme le lait, le pain et cela malgré la hausse du prix du blé dans le monde. Benyounès doit rester vigilant pour éviter toute forte hausse des produits qui provoquerait une explosion sociale, comme ce fut le cas en janvier 2011 où l'Algérie avait failli basculer dans la révolution arabe à cause d'une hausse inattendue du sucre et de l'huile. Ce quatuor de ministres régaliens offre au Premier ministre Sellal une sécurité pour affronter la crise et un temps nécessaire pour gérer les autres dossiers en attente comme le logement, la santé et l'éducation.