Les terres agricoles s'amenuisent en raison de leur invasion par les constructions illicites. Les fellahs de la daïra de Maghnia, affiliés à l'Union des fellahs indépendants d'Algérie (Ufia), interpellent le président de la République afin de mettre fin au laxisme de l'administration locale lequel a conduit le secteur de l'agriculture au fiasco. Selon l'Ufia, cette situation qui n'est pas du tout reluisante, a été générée par la politique de «deux poids, deux mesures» exercée par l'administration et ce, en délaissant le foncier agricole. En effet, dans une lettre adressée au président de la République, dont une copie est parvenue à notre rédaction, l'union des fellahs indépendants d'Algérie revient aux origines de leurs tourments qui ont commencé en 1974, lorsqu'une opération de remembrement des terres de type «melk» sises à l'intérieur du périmètre de Maghnia a été réalisée par l'administration. Cette opération de remembrement concernait alors une centaine de fellahs de la région de Maghnia. «La majorité des exploitations agricoles situées à l'intérieur du périmètre ont connu des modifications soit partielles soit totales, dans leur lieu d'implantation, en se basant sur l'éparpillement de parcelles et/ou, selon la valeur pédologique des terres possédées aussi bien avant qu'après remembrement.» Jusque-là l'opération se déroule dans les normes, mais le problème commence lorsque l'administration a procédé à l'échange des terres de type «melk». Là, «les anciens titres de propriété n'ont pas été annulés, et dans le même ordre d'idée, les nouveaux titres de propriété n'ont pas été délivrés». C'est, en fait, à partir de là que l'interminable situation conflictuelle entre les agriculteurs prend naissance. Aujourd'hui, des dizaines d'affaires se trouvent devant les tribunaux «et les fellahs s'y battent pour une erreur commise par l'administration». La justice, de son côté, ne fait que débouter les fellahs dont les terres ont fait l'objet de remembrement pour absence de titres de propriété. Résultat: «Certains fellahs sont dépossédés de leurs terres, tandis que d'autres ont obtenu une double superficie.» Pire, les fellahs ayant réalisé de gros investissements dans les terres remembrées ne peuvent prétendre aux aides de l'Etat. A cet effet, les fellahs de la daïra de Maghnia, dans la lettre adressée au président de la République, demandent la restitution de la totalité des terres à leurs propriétaires initiaux ainsi que la régularisation du foncier agricole «ce qui aboutira à la stabilité et à la sécurité des producteurs». En outre, les fellahs de la daïra de Maghnia tirent la sonnette d'alarme quant au devenir des terres agricoles qui s'amenuisent en raison de leur invasion par les constructions illicites. Mais cela est une autre paire de manches car le problème est plus profond que cela.En effet, les agriculteurs de Maghnia se trouvent dans un véritable imbroglio. D'un côté, on leur demande «d'augmenter la production pour assurer l'autosuffisance», de l'autre, on leur «interdit de procéder au forage de puits». Ces fellahs demandent ainsi aux autorités concernées que l'irrigation des terres se fasse à partir du barrage de Hammam Boughrara. Ils demandent par là même l'extension du périmètre de Maghnia de 4250 à 15.000 hectares. Pour ces agriculteurs, «les zones frontalières peuvent contribuer d'une manière très appréciable au développement de l'agriculture» pour peu qu'ils soient bénéficiaires du soutien de l'Etat. A cet effet, l'Union des fellahs indépendants d'Algérie, sollicitent l'intervention du président de la République auprès des services concernés «afin que les problèmes des fellahs de la daïra de Maghnia soient pris en charge».