Le premier élément qui freine l'émergence de ce créneau selon Roslane Bencharif est bel et bien l'absence du E-Paiement. Connexion haut débit, technologie de la troisième génération mobile (3G), prochainement la 4G, tout y est pour dire que l'Algérie suit tant bien que mal la tendance et l'évolution continue des technologies de l'information et de la communication (TIC). Mais le développement des contenus locaux (DZ) fait défaut, et demeure le parent pauvre de cette évolution technologique en Algérie. En effet, un an après le lancement en grande pompe de la 3G, qui devait contribuer à faire émerger ce segment de l'économie numérique, on constate que ce dernier peine à décoller en Algérie. Il convient de souligner que toute information, image, vidéo, article, application, musique, film, sous quelque forme que ce soit, pouvant être trouvés sur le Net, est appelé un contenu. Le pays a certes entrepris différentes actions dans le cadre de la stratégie E-Algérie 2013 (création d'incubateurs, accompagnement des start-up, enregistrement.dz) dans l'optique de développer et de promouvoir une industrie du contenu local, mais la réalisation sur le terrain de ces actions demeure en deçà avec la volonté affichée par les autorités, notamment la création d'un fonds dédié à la promotion des TIC et des contenus locaux qui n'a toujours pas vu le jour. Ce constat a été décrié par l'expert et consultant en TIC, Younès Grar, qui a indiqué que les programmes ne sont que sur papier, mais que la réalité du terrain est tout autre. Le premier élément qui freine l'émergence de ce créneau, selon Roslane Bencharif, consultant international en TIC et DG de la société MPS, spécialisée dans le consulting, la formation spécifique aux acteurs des télécoms et le développement d'applications mobiles multiplateformes que nous avons interrogé est bel et bien l'absence du E-Paiement. Une solution qui devait, d'après notre interlocuteur être adoptée dès le lancement de la 3G. L'expert relativise toutefois, car il estime que ce retard est «un point handicapant, et non pas bloquant». Les opérateurs de téléphonie mobile activant en Algérie doivent, selon lui, «jouer leur rôle de levier», et ce, en ouvrant leur système de facturation grâce aux API (logiciels de gestion commerciale intégrés dans les sites de commerce en ligne ou aux applications d'entreprises) au profit des développeurs qui, à leur tour, intègreront ces API dans le développement de leurs applications. Via cette opération, M.Roslane considère que «les développeurs pourront vendre leurs applications et leurs contenus à travers le système de facturation de l'opérateur» et que «les revenus seront partagés entre l'opérateur et le développeur». A partir de là, il ressort que le développement des contenus Dz est étroitement lié à la solution E-Paiement. Il faut dire que le problème avec les applications en Algérie, est leur «gratuité», ce qui constitue un frein pour stimuler leur développement. A cet effet, M.Bencharif indique que «des groupes comme Microsoft les met en pratique avec le concours des développeurs, non pas pour 50/50% mais 70/30% et parfois même 80/20%». A défaut de système de paiement en ligne, on ne peut promouvoir ce segment. D'un autre côté, il faut dire que le recours à ce type de contenu n'est pas ancré dans notre culture, bien que la demande de la nouvelle génération se fasse de plus en plus ressentir. L'économiste, Mustapha Mekidèche, a lui aussi, par le passé souligné l'importance de l'industrie du contenu dans les TIC. Cette industrie est pour lui apte «à créer de la croissance». La raison pour laquelle, l'Algérie tarde à se tourner vers le E-Paiement, selon M.Bencharif est clair. Il s'agit de l'absence d'une action ou d'une volonté étatique qui pousse vers l'adoption de cette technologie. Une solution dont les retombées d'après notre expert ne peuvent être que bénéfiques. Toutefois, M.Roslane fait remarquer une certaine «réticence» par rapport à l'adoption de ce système de paiement, surtout de la part des commerçants dont «la grande majorité ne déclare pas ses impôts». Explication: cette solution permet une traçabilité quasi-totale, ce qui est contraignant pour les commerçants «fraudeurs». La 3G qui était censée être un rattrapage technologique pour le développement des TIC en Algérie, n'a pas eu jusque-là d'impact réel sur les Algériens. L'avenir s'annonce sous de bonnes augures, car les facteurs bloquants qui persistent, finiront par être balayés par la déferlante technologique, qui nous amènera vers la société numérisée à laquelle nous aspirons.