«Celina Da Piedade Quartet» du Portugal, «Chouyoukh Salatin Al Tarab» de Syrie et les cantatrices algériennes Nardjess, Imène Sahir et Nesrine Ghenim, ont animé lundi soir à Alger dans une belle synergie l'hommage rendu par le 9e Festivalgérie à Saloua, icône de la chanson algérienne. Le 9e Festival international de musique andalouse et des musiques anciennes qui a élu domicile à la salle Ibn Zeïdoun de l'Office Riadh El Feth depuis son ouverture, samedi 20 décembre, a honoré la grande chanteuse algérienne Saloua dans une ambiance euphorique. Le public, venu nombreux participer à ce bel hommage, a pu apprécier d'abord, la prestation de «Celina Da Piedade Quartet» qui a présenté un programme suscitant l'intérêt au vu des pièces présentées dans le «Canté Alentejano» (chant d'Alentejo), genre musical du Sud du Portugal, avec des instruments anciens. Accompagnée par Antonio Bexigo à la cavaquinho (petite guitare), Alex Caspar à la basse et à la serrote musicale (espèce de tôle en forme de scie, qui, excitée par un archet, produit des sonorités mélodieuses aiguës) et Felipa à l'adufe (percussion de forme carré), Celina, à l'accordéon, ont embarqué le public dans une belle randonnée aux couleurs traditionnelles. Les pièces interprétées par la troupe, dont c'est la première venue en Algérie, chantant la nature et mêlant le bonheur à la mélancolie, les joies de l'amour à la tristesse, le sourire aux larmes, entretiennent une dualité permanente qui illustre les contradictions de la vie. Les chansons, Boa Palaura, Pombinha Branca, Erua Cidreira, Andorinha, O Canté Das Eruas, Roubei Te Um Beijo, Toada, Calimero E A Pera Verde, Rebola A Bola, Acordeao Do Sa et Macela, ont constitué le répertoire présenté par la formation portugaise. La troupe syrienne d'Alep (Nord-Ouest de la Syrie) Chouyoukh Salatin Al Tarab, très applaudie par le public, a ensuite embarqué l'assistance dans une belle randonnée aux parfums d'Orient, interprétant des Mouwachahat (genre de musique arabe au rythme lent), dans des maqqamet (modes orientaux) variés. Composée d'une dizaine de musiciens dirigés par Bachir Ahmed Bij, la troupe syrienne, dont l'objectif est d'éterniser l'oeuvre des grands maîtres qui ont contribué à la sauvegarde de l'héritage musical arabe, a entonné entre autres et outre les qacida, Moual, Qoudoud et la chansonnette Ibâatli Jaweb (envoie û moi une réponse), les mouwachahet, Ya Morro Ojban dans le maqqam kourd, Bahdjet Er'Rouh et Ya Dhel Qaouam. Nardjess, une autre grande dame de la chanson hawzie et les jeunes cantatrices Imène Sahir et Nesrine Ghenim, ont animé la troisième partie de la soirée consacrée aux chansons hawzies reprises par Saloua et qui constituent un des volets de sa brillante carrière. Née à Bouzaréah (Alger), Saloua, Lemitti Fatouma de son vrai nom, très jeune déjà, participait à des émissions infantiles, avant d'enregistrer ses deux premiers titres écrits par Mohamed El Djamoussi et Kekeno Depaze, suivis en 1960, d'une troisième chanson écrite par El Hadj El Habib Hachelef et la musique composée par Amraoui Missoum. Après un franc succès rencontré suite à ces premiers enregistrements, Saloua (pseudonyme que lui a donné Mohamed Tahar Foudhala), se consacre définitivement à sa passion et part représenter l'Algérie en 1963 dans des tournées et semaines culturelles qui la mèneront dans plusieurs capitales du monde. En 1966, elle obtient l'Oscar du premier Festival de la chanson algérienne composée par Mahboub Safar Bati. Aidée dans ses choix de carrière par le chef d'orchestre Boudjemia Merzak (1932-1985) et Fadila Dziria (1917-1970), elle oriente sa vie artistique vers la chanson classique algérienne. Plus de 300 titres, chantés par Saloua sur des textes de grands poètes du XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, à l'instar de Masmoudi, Mohamed et Boumediène Bensahla, Mohamed Ben M'Sayeb et Benammar sont conservés à la Radio algérienne. Saloua a collaboré avec plusieurs poètes, paroliers et compositeurs algériens et étrangers. Elle reçoit la Couronne d'or en 2006, lors du 21e Festival international de Timgad. Le 9e Festivalgérie se poursuit jusqu'au 29 décembre et accueilla hier l'Association La Slam de Tlemcen, la troupe El'Rachidia de Kelibia (Tunisie) et la chanteuse algérienne Lamia Madini.