En prenant la fuite, les terroristes auraient enlevé deux personnes. Le terrorisme a frappé une nouvelle fois à la périphérie de Boumerdès. Lors d'un faux barrage dressé la veille de ce week-end, non loin de l'intersection de Souk El-Had, 15 km au sud-est du chef-lieu de la wilaya précitée, un groupe islamiste armé a assassiné deux citoyens, blessé grièvement un enfant et racketté plusieurs personnes. Hébétés et livides, des rescapés font, quelques heures plus tard, le récit de la nuit du drame. La tuerie a eu lieu ce mercredi aux environs de 23 h. Des véhicules qui circulaient ce soir-là sur la RN 5 sont interceptés à l'entrée est du village de Souk El-Had relevant de la daïra de Thénia. Déguisés en soldats de l'ANP, alors que d'autres portaient l'uniforme de policiers ou de gardes communaux, plusieurs groupuscules de terroristes se sont dressés de part et d'autre d'un tronçon de route jouxtant une ancienne bâtisse de l'Algérienne des eaux (ex-Epeal), un champ d'oliviers et un cimetière. Venant d'Alger ou de Boumerdès pour la plupart, les automobilistes qui arrivent à cet endroit, sont aussitôt sommés de s'arrêter. Le nommé Bentir Abdenour, originaire de Thénia et âgé de 47 ans, se dirigeait à cet instant précis en compagnie de son enfant de 12 ans à bord d'une Laguna, vers un site de chalets voisin. Reconnu comme étant un employé intègre dans la brigade locale de la police judiciaire, il sera aussitôt tué par balles. Une rafale blessa son enfant à la hanche. Un autre taxi est immobilisé. Retenu suite à l'opération d'identification, un adjudant de l'ANP, originaire de Guelma sera, lui aussi, froidement exécuté. Il a reçu quatre balles en plein visage, nous racontent des témoins, encore choqués par la scène. Extraits de leurs voitures puis systématiquement soumis à un interrogatoire minutieux, d'autres passagers se voient intimer l'ordre de se mettre à plat-ventre devant les corps sans vie des deux victimes. Agenouillés, terrorisés, d'autres ont été rackettés puis relâchés. A l'exemple d'un quinquagénaire qui fut contraint de s'acquitter d'une somme de 7000 DA en échange de la vie sauve. Un fourgon et un autre véhicule de marque Partner sont incendiés par les assaillants dont le nombre dépasse la trentaine, rapporte-t-on. Le conducteur de l'un des deux véhicules a expliqué à ses proches «Comment, Dieu merci a-t-il pu, cette nuit-là, se cacher dans un champ voisin pour échapper aux griffes des assaillants?» A l'arrivée des forces locales de sécurité, les terroristes avaient déjà pris la fuite à bord d'un fourgon aménagé et une Golf (3e génération), en direction des maquis environnants. Dans leur retraite, les terroristes auraient enlevé, selon des informations non encore confirmées, deux personnes. Les corps des deux citoyens assassinés et l'enfant blessé seront, peu après, évacués vers l'hôpital de Thénia. Aucune information n'est, pour l'heure, disponible, concernant la riposte des services de sécurité. On sait seulement que les terroristes vont constamment par monts et par vaux, guettant diaboliquement la moindre baisse de vigilance pour planifier leurs attentats. Issus de la région comme certains de Timizar, ils connaissent bien le lieu du drame et ses habitants. En moins de huit ans, quatre faux barrages ont été dressés au même endroit. Durant l'été 2000, trois personnes y furent tuées et trois autres enlevées par les hordes sanguinaires. Sur le versant nord, à quelques jets de pierres de ce site, d'autres maquis de terroristes sont signalés. Ce jeudi, aux environs de 9h, l'onde de choc de l'explosion d'une bombe artisanale suscite la peur parmi les habitants de Zaâtra, non loin de Zemmouri. Un jeune berger échappa de justesse aux éclats de l'engin meurtrier enfoui sous terre aux abords d'un chemin de montagne. Sollicités, deux pilotes d'hélicoptères de combat survolèrent en milieu de journée ces monts où l'on soupçonne la présence d'autres commandos du Gspc. L'armée régulière se prépare, soutient-on, à d'autres batailles contre ces hordes islamistes armées qui ne s'encombrent apparemment d'aucune politique. Ni celle de la rahma, ni celle de la concorde.