Mustapha a travaillé dans plusieurs maisons d'édition dont Hachette «Mustapha Ourad, l'Algérien tué parmi ses confrères de Charlie Hebdo, est la vraie image des Algériens de France.» Un Algérien originaire de Kabylie a été tué dans l'attaque terroriste dont a été la cible le magazine satirique français, Charlie Hebdo, mercredi dernier à la mi-journée. Mustapha Ourad, originaire de Beni Yenni, travaillait comme correcteur pour le compte du journal. Parti en France au début des années 1980, Mustapha a travaillé dans plusieurs maisons d'édition dont Hachette. Sa maîtrise parfaite de la langue de Voltaire a rendu le jeune Kabyle très demandé dans les milieux littéraires. C'est alors qu'il commence une carrière de correcteur dans divers journaux, dont justement Charlie Hebdo. A Tizi Ouzou et particulièrement dans son village Aït Larbaâ, le deuil s'est installé dès la tombée de la nouvelle. En fait, la douleur est grande dans sa famille et chez ses concitoyens du village Aït Larbaa, bien que les jeunes ne le connaissent pas. Il partit très jeune vers la capitale et après vers la France. Mercredi dernier donc, Mustapha a été tué parmi sa deuxième famille, les dessinateurs et journalistes de Charlie Hebdo. Depuis ce moment tragique, la poursuite des auteurs du crime continue. L'attaque a soulevé une vague d'indignations sans précédent. Même les populations locales, à Tizi Ouzou, se disaient sidérées par cet acte. «Je ne connais pas les personnes tuées, mais je ressens une grande tristesse», affirmait Saïd, jeune étudiant. Toutes les personnes interrogées à Tizi Ouzou ne connaissaient pas le correcteur algérien tué lors de l'attaque. Ce qui n'enlève rien à l'indignation. «Je ne le connais pas mais je suis triste pour sa famille, ses enfants et tous ceux qui l'ont connu.» A rappeler aussi que 20 ans avant ce drame, l'Algérie a vécu des moments similaires. Plus d'une centaine de journalistes ont été tués par ce même terrorisme. La plaie n'est pas encore refermée. La mort de Mustapha Ourad et de ses confrères de Charlie Hebdo rappelle en effet d'amers souvenirs. «Ca me rappelle beaucoup de souvenirs tristes. Je me rappelle comme si cela datait d'hier l'enterrement de Tahar Djaout à Oulkhou, son village natal» se souvient Mohand, après une longue carrière dans les médias. Selon toute vraisemblance, le correcteur de Charlie Hebdo, Mustapha Ourad sera enterré dans son village natal. Il reposera parmi les siens, après un parcours qui a fait honneur à l'Algérie. Cet Algérien parti très jeune de son village natal pour atterrir en France comme correcteur dans un journal français aussi prestigieux est l'exemple, encore vivant, que les Algériens de France ne sont pas uniquement des terroristes comme certains veulent le faire admettre. «Mustapha, l'Algérien tué parmi ses confrères de Charlie Hebdo, est la vraie image des Algériens de France, les vrais Algériens réussissent», criait Ahmed, retraité après une quarantaine d'années passées dans la région parisienne.