A quel prix va s'arrêter la chute du pétrole? L'Opep ne peut plus «protéger» le prix du baril, a déclaré hier le ministre de l'Energie des Emirats arabes unis, Suhaïl Mazroui, lors d'un forum sur l'industrie pétrolière qui s'est tenu à Abou Dhabi. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole se fracture. Un front (Venezuela, Iran, Algérie...) se dessine pour faire face à l'effondrement des cours de l'or noir. Certains pays membres de l'organisation qui se sont prononcés pour le maintien de son plafond de production le 27 novembre à Vienne en Autriche prennent à nouveau la parole pour annoncer que: l'Opep ne peut plus «protéger» le prix du baril. C'est ce qu'a déclaré hier le ministre de l'Energie des Emirats arabes unis, Suhaïl Mazroui, lors d'un forum sur l'industrie pétrolière journée, intitulé Gulf Intelligence UAE Energy Forum, qui s'est tenu à Abou Dhabi. «On ne peut plus continuer à protéger un certain (niveau des prix)», a indiqué le ministre qui s'est exprimé au nom du cartel dont font partie les Emirats arabes unis. Pourquoi? «Nous avons connu une surproduction, venant essentiellement du pétrole de schiste, et cela doit être corrigé», a fait remarquer M Mazroui qui s'aligne de fait sur la position saoudienne qui soutient que les prix du pétrole se rééquilibreront d'eux-mêmes lorsqu'ils auront été laminés. «Il n'est pas dans l'intérêt des producteurs de l'Opep de réduire leur production, quel que soit le prix (...). Que ça descende à 20, 40, 50 ou à 60 dollars, il n'est pas pertinent de réduire l'offre», avait confié le ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaïmi, le mois de décembre dernier, au Middle East Economic Survey (Mees), une revue spécialisée qui fait autorité dans le monde sur les questions du gaz et du pétrole au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (Mena). Une démarche désapprouvée par l'Algérie. «Ce n'est pas notre avis. Pour nous, l'Opep doit intervenir pour corriger les déséquilibres, en procédant à une coupe de sa production afin de faire remonter les prix et de défendre les revenus de ses pays membres», lui a répondu le ministre de l'Energie Youcef Yousfi qui a saisi cette occasion pour fustiger «ces gros producteurs qui ont adopté cette position, de crainte de voir les pays non membres de l'organisation monter en puissance grâce à une explosion de la production de pétrole de schiste». L'Opep se déchire. Conséquences: les prix du pétrole poursuivent leur chute. Ils ont touché leur plus bas niveau en près de 6 ans. Hier vers midi, en cours d'échanges européens, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février valait 47,03 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,67 dollar par rapport à la clôture de lundi. Il est tombé en début de matinée à 46,54 dollars. Le niveau le plus bas depuis mars 2009. A New York, le baril de Light Sweet Crude (WTI) pour la même échéance perdait 1,40 dollar dans les échanges électroniques affichant 44,66 dollars. La référence du brut américain est même tombée à 44,20 dollars, son plus bas niveau depuis mars 2009. Les spécialistes imputent cette descente aux enfers aux commentaires des responsables saoudiens (voir plus haut la déclaration du ministre saoudien du Pétrole, Ndlr). «Reste à savoir si c'est l'avis exprimé dans les corridors du pouvoir à Riyadh, ou des mots lancés pour réaffirmer la décision du chef de file de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole), ce n'est pas clair. En attendant, on ne voit pas le bout du tunnel», s'interrogeait Daniel Sugarman, analyste chez ETX Capital. En attendant, la dégringolade continue.