La rentrée scolaire risque d'être perturbée en raison de l'indisponibilité des manuels scolaires. Le ministre de l'Education nationale, M.Boubekeur Benbouzid, est loin d'être satisfait du rythme avec lequel est menée l'opération de production de manuels scolaires réservées aux 2e années du cycle primaire et moyen. M. Benbouzid a tenu à dénoncer hier le retard mis dans l'opération de production, à l'occasion d'une tournée d'inspection auprès des quatre imprimeries de l'Etat retenues pour produire les quantités nécessaires en manuels scolaires et les mettre à la disposition des élèves avant le 11 septembre prochain, date officielle de la rentrée scolaire. Pourtant, et pour être fin prêt le jour «J», toutes les imprimeries de l'Etat, l'Enag (5 millions de livres), la SIA (2,7), l'Anep (1,7) et l'Onps (13,6) en l'occurrence, sont mobilisées pour cette opération. «Cette mesure à laquelle ont recours les pouvoirs publics vise à prendre en charge le déficit relevé dans ce domaine» avait déclaré récemment M.Benbouzid. Un déficit qui ne pourra être absorbé avant la date limite au vu des résultats enregistrés par cette opération d'envergure nationale. Jusqu'à hier, les choses ne sembleraient pas aller dans le sens souhaité. En effet, seul l'Onps a atteint un taux de production de 11% alors que les autres ne dépassent pas les 8%. L'Onps ne dispose malheureusement pas de moyens adéquats pour imprimer en deux mois 14 millions d'ouvrages destinés aux 1re et 2e années primaires et moyennes, même si elle s'est dotée tout récemment d'une nouvelle rotative capable de produire 3 millions de livres. Au moment où les besoins nécessaires pour la réforme sont de l'ordre de 65,5 millions de livres, la production nationale ne pourra en fin de compte produire que 47 millions de manuels. Certes un taux très appréciable comparativement aux quatre dernières années où la production n'avait pas dépassé la barre des 24,5 millions de manuels. Au niveau du ministère de l'Education, une carte a été élaborée concernant la distribution du manuel. Celle-ci devra permettre d'identifier les besoins, dans ce domaine, école par école, collège par collège et lycée par lycée. Le souci étant d'assurer une égalité dans la répartition des manuels sur tout le territoire national. Ce qui pose la problématique de la distribution d'autant que les privés qui ont pris l'engagement de faire l'impression de certains manuels, tandis que d'autres se sont carrément désistés, demandent à l'Etat de prendre en charge la distribution alors que lui-même fait appel à des distributeurs privés. Néanmoins, ce retard dans la production peut être justifié par le fait que la révision du contenu des manuels scolaires, pour les élèves des premières années primaire et moyenne, n'a été mise en oeuvre que durant l'année scolaire écoulée. En outre, ce retard, qui risque de perturber quelque peu la rentrée scolaire est dû aux tergiversations de la Commission de la réforme devant adopter les programmes concernant ces deux paliers qui n'a homologué les programmes que quelques jours avant le 21 juillet, date de lancement de l'opération de production des manuels scolaires. De ce fait, «sortir le secteur de l'enseignement du sinistre est aussi une question de moyens», a souligné le président de la République, «même si de nombreux observateurs estiment qu'il s'agit avant tout d'une ''volonté politique'' de l'Etat à se départir de sa politique dirigiste au profit de l'école de l'autonomie». L'éducation est le seul secteur où le «tout-Etat» reste de rigueur malgré une politique libérale touchant tous les domaines.