Plus de 40 jours après la rentrée scolaire, les 7 805 000 élèves éparpillés sur les quelque 15 000 établissements que compte le pays ne sont pas tous en possession des manuels indispensables au suivi des cours. Une situation que des parents d'élèves, des enseignants, mais aussi des chefs d'établissement déplorent, souvent avec véhémence. En plus des écrits de presse, chaque jour des informations nous parviennent sur les multiples cas où les élèves manquent de tel ou tel manuel scolaire. Les syndicats de l'éducation n'ont jusqu'à présent pas réagi par rapport à ce problème. Ceci alors qu'un responsable au département de Benbouzid soutient que « tous les partenaires concernés par la question des manuels scolaires sont instruits de redoubler d'efforts afin de maîtriser la situation avant la période des examens du premier trimestre ». La production des manuels atteindra, cette année, 47,5 millions, alors qu'elle tournait habituellement autour de 25 à 26 millions. Un chiffre « qui constitue un véritable défi malgré tous les moyens mobilisés jusqu'à présent », indique-t-on encore. Le marché parallèle Un communiqué du ministère de l'Education nationale, rendu public le 10 septembre dernier, avait avancé que « 82% des 22,5 millions de manuels anciens (non concernés par la réforme) commandés sont déjà au niveau des établissements scolaires, les 18% restants le seront plus tard ». Pourtant, ces manuels sont surtout disponibles sur le marché parallèle, ce qui constitue toujours une solution de rechange pour les parents. Jusqu'à l'heure actuelle, on peut aisément apercevoir des enfants, surtout au niveau des rues marchandes, en train de proposer les titres de différents livres. Mais ce sont particulièrement ceux de la réforme qui posent aujourd'hui problème. La production devant être atteinte est de 23 millions d'ouvrages. Il s'agit des 6 manuels pour la 2e année primaire et les 11 pour la 2e année moyenne. Ces 17 nouveaux manuels ont été répartis entre l'ONPS (9 manuels), l'ENAG (3 manuels), la SIA (3 manuels) et l'ANEP (3 manuels). Ces entreprises publiques tentent de respecter les délais de production, mais n'y arrivent pas encore. Surtout lorsqu'on sait que l'ENAG est chargée de produire 4,5 millions de livres, l'ANEP 1,5 million, la SIA 2,5 millions et l'ONPS 8 millions. Au problème de production se greffe également celui de la distribution qui connaît des perturbations assez importantes. Mais c'est surtout la question des délais dans lesquels s'est déroulée une opération de cette envergure qui est à relever. Quatre mois seulement (11 mai-11 septembre) ont été accordés pour effectuer et la production et la distribution. Ce qui est loin d'être suffisant pour mettre à temps entre les mains de tous les élèves les livres dont ils ont besoin. Il y a lieu également de signaler que le système de location qui concerne uniquement les manuels touchés par la réforme est loin d'atténuer la tension actuelle. Altération de livres Les parents se plaignent que, souvent, ces livres soient altérés par les multiples manipulations dont ils font l'objet au cours de l'année scolaire. Certains chefs d'établissement pensent également que les tarifs appliqués sont loin de constituer un facteur de dissuasion pour que les parents invitent leurs enfants à ne pas causer des dégâts. Ces tarifs sont de 250 DA (5 manuels de 1re année primaire), 400 DA (6 manuels de 2e année primaire), 300 DA (9 manuels de 1re année moyenne) et 500 DA(10 manuels de 2e année moyenne). Quant aux enseignants, ils se trouvent piégés par ce problème et tentent, tant bien que mal, d'assurer les cours. Mais reste que le monde de l'éducation se pose des questions à propos des effets de cette situation sur le bon déroulement de la scolarité des élèves. Ceci à un moment où la réforme du système scolaire constitue un dossier prioritaire pour l'Etat.