Ouf l'honneur est sauf ! Le Brésil et l'Allemagne se sont enfin qualifiés pour la phase finale de la prochaine Coupe du monde en Corée et au Japon. Mais que cela fut laborieux ! Deux grandes nations de football, habituées à jouer les premiers rôles, ont failli être rejetées parmi « la plèbe »du sport roi de la planète. Cela aurait été du jamais vu, surtout pour le Brésil, seule sélection à avoir participé à toutes les phases finales. Le Brésil est quatre fois champion du monde. Mais le Brésil d'aujourd'hui, celui de ces dernières années, n'est plus celui de 1958 et de 1970. Il n'est plus celui de Léonidas, Ademir, Pelé, Socrates, Zico, Romario. Il n'est plus du tout celui des Coupes du monde de 1958 et de 1970. Même pas celui de 1950, malgré l' humiliation subie sur ses terres face à l'Uruguay, dans le temple du Maracana. Le Brésil d'aujourd'hui est devenu tâcheron par la force de ses entraîneurs et dirigeants. Les artistes sont muselés quand ils ne sont pas carrément écartés à l'instar d'un Romario qui joint à ses amis Bebeto et Ronaldo aurait pu permettre à son équipe d'obtenir un meilleur sort que celui de 1998. Les temps ont changé, le Brésil aussi, beaucoup même. Ronaldo est-il réellement le meilleur joueur du monde? «C'est la presse européenne qui le dit», me confia Roberto Rivelino, l'une des idoles de la coupe du monde Mexico 70, un jour de juillet 1998 dans le salon de l'hôtel parisien qui m' hébergeait ainsi qu'une partie de la presse brésilienne. Le divin gaucher, converti en journaliste, m'entretenait alors avec amertume de ses artistes rejetés par les leurs parce qu'ils étaient virtuoses autant que fervents supporters d'une certaine idée du football. Bien avant la défaite en finale face à la France, Rivelino était pratiquement sûr du fiasco, lui qui commentant auparavant un match du Brésil face à une équipe africaine demanda aux téléspectateurs de ne pas se tromper et de reconnaître le Brésil en l'équipe adverse. Le football dans le pays des Cariocas est maintenant devenu synonyme de corruption, d'incompétence, d'intérêts sordides et de trafics en tous genres, y compris ceux des passeports et des âges. Les équipes de jeunes sont systématiquement balayées dans les compétitions de la FIFA. Tous ses grands rivaux, dont notamment l'Argentine, vainqueur du dernier mondial des moins de 20 ans, font mieux. Les Africains et les Européens aussi. Pour se qualifier pour le Japon et la Corée, alors que l'Argentine avec 28 joueurs a dominé de la tête et des pieds les qualifications, le Brésil a utilisé pas moins de 62 joueurs et 3 entraîneurs en moins d'une année. Cela a commencé avec le limogeage de l'entraîneur Luxemburgo juste après l'humiliante défaite des Jeux olympiques de Sydney face au Cameroun pourtant réduit à 9 joueurs. Au cours de l'année 2000, le Brésil a subi la bagatelle de 8 défaites dans le cadre de tournois officiels : 4 en Coupe du monde (face à l'Argentine, la Bolivie, l'Equateur et l'Uruguay), 2 en coupe des Confédérations (face à la France et l'Australie) et 2 autres en Copa america (face au Mexique et, incroyable mais vrai, face au Honduras par 2-0). Du jamais vu dans toute l'histoire du football carioca! Et maintenant, de quoi demain sera-t-il fait, se demandent tous les Brésiliens? L'avenir paraît bien sombre comme celui de Scolari, l'actuel entraîneur appelé déjà à plier bagage pour laisser place à une nouvelle équipe de techniciens conduite par Oswaldo de Oliveira, l'actuel entraîneur de Fluminense assisté du revenant Carlos Alberto Parreira, qui avait mené l'équipe au sacre lors du mondial USA 94, mais qui a aussi été lamentablement viré pour mauvais résultats par les dirigeants de l'équipe d'Arabie saoudite en pleine coupe du monde 1998.