On parle tous les jours de nouveaux foyers de cette grippe Quel que soit le nom qu'il porte, ce virus grippal est en train de faire des ravages, or les responsables de la santé continuent de palabrer stérilement sur son patronyme... Le ministre de la Santé persiste et signe: «C'est une grippe saisonnière.» Tout comme les services de son ministère, Abdelmalek Boudiaf a tenu un discours rassurant quant à la dangereuse épidémie de grippe qui sévit actuellement. «Ce n'est pas la grippe porcine mais un virus de grippe saisonnière», a-t-il tenu à préciser, hier, en marge de la rencontre sur l'évaluation du bilan de l'année 2014 et les perspectives de 2015 du secteur de la santé. Le ministre a également profité de l'occasion pour appeler les citoyens à se vacciner contre la grippe. «La campagne de vaccination a commencé le mois d'octobre dernier et se poursuivra jusqu'au mois de mars. Les vaccins sont donc disponibles jusqu'à cette date butoir», a-t-il précisé. Les assurances de Abdelmalek Boudiaf viennent appuyer celle faite par son responsable de communication, Slim Belkessam et le Dr Fouzi Derar, chargé de la vaccination au niveau de l'Institut Pasteur-Algérie. Néanmoins, malgré ce ballet médiatique des responsables de la santé du pays, la population est loin d'être rassurée. C'est même la grande panique. Et pour cause, avant cette sortie du ministre qui s'est voulu rassurante, il s'est passé plus de 15 jours depuis le premier cas grave de grippe signalé. Entre- temps, un véritable tralala médiatique s'est déchaîné. Les responsables censés «guérir» cette crise se sont emmêlés les pinceaux. Dans le concert très grippé, chacun joue son octave. Entre le ministre de la Santé, son chargé de communication et des chefs de services et directeurs d'hôpitaux, l'orchestre est désordonné au point d'aboutir à une symphonie déconcertante. Au début du mois en cours, la grippe porcine a fait son retour. Un premier cas a été enregistré au CHU Hassani-Issad de Béni Messous. Une situation confirmée par le service de virologie de l'Institut Pasteur Algérie (IPA), avait révélé à la presse le Pr Abdelkrim Soukhal, chef de service des maladies infectieuses de ce CHU. Deux autres cas suspects s'étaient présentés à la même période au niveau des urgences de l'hôpital de Béni Messous. Les responsables de cette structure de santé et ceux du ministère de la Santé ont vite réagi pour démentir l'information et le Pr Soukhal, la qualifiant de rumeur! Le 12 janvier dernier à Tizi Ouzou, une femme est décédée au CHU Mohamed-Nédir après avoir contracté le virus H1N1. La dame âgée d'une soixantaine d'années est décédée, alors qu'elle était en route vers l'hôpital, avait affirmé le directeur général du CHU, Abbès Ziri. Deux de ses enfants qui l'accompagnaient et qui présentaient les mêmes symptômes que leur mère, ont été maintenus en observation au niveau du service d'épidémiologie, mais leurs vies ne sont plus en danger, avait souligné M. Ziri. Comme à l'hôpital de Béni Messous, le ministère de la Santé avait vite démenti le fait que c'était une grippe porcine, mais plutôt une aggravation d'un cas de grippe saisonnière! Dans une déclaration à la très officielle APS, Slim Belkessam, conseiller chargé de la communication au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière (Msprh), a été formel sur la question de la présence de cas de grippe porcine en Algérie. «Aucun cas de grippe porcine n'a été enregistré en Algérie depuis le début de la période automno-hivernale, mais seulement des cas de grippe saisonnière (tous types de virus confondus)», a-t-il précisé. Le directeur général du CHU de Tizi Ouzou a même été obligé de revenir sur ses déclarations. Il a organisé un point de presse pour démentir l'information. Mais quelques jours plus tard, ne voilà pas que l'on annonce que 27 personnes présentant les symptômes de la grippe porcine ont été admises à l'hôpital de Aïn Taya, dans la banlieue est d'Alger. Six d'entre elles sont même décédées! Le premier responsable de la communication Slim Belkessam est encore sorti de sa réserve pour essayer de convaincre l'opinion publique que ce n'était pas la grippe porcine mais la grippe saisonnière. Néanmoins, le journal électronique TSA prouve le contraire, en publiant un document de l'Institut Pasteur démontrant que des cas de grippe H1N1 ont été détectés en Algérie. A toutes ces contradictions, il faut ajouter les mesures spéciales prises par les établissements hospitaliers où il est demandé au personnel de porter des bavettes et de se désinfecter les mains après chaque consultations. Ce qui rappelle étrangement celles prises lors de l'épidémie de grippe porcine en 2009. Ce qui n'a pas échappé aux réseaux sociaux qui ont vite repris l'information. Les internautes ont appelé leurs concitoyens à la vigilance. L'inquiétude s'est donc emparée de la Toile et la rue algérienne. Les rumeurs enflent! On parle tous les jours de nouveaux foyers de cette grippe, ainsi que de nouveaux morts. Dans cet entonnoir «grippal» c'est toute la problématique de la gestion des crises de santé publique, et leur communication qui est posée. Quel que soit le nom qu'il porte, ce virus grippal est en train de faire des ravages, or les responsables de la santé continuent de palabrer stérilement sur son patronyme. En attendant, rumeurs et grippe se propagent au même rythme que les victimes de ce virus au nom qui fait controverse...!
