«Cette filière ne me convient pas, faites-moi connaître les procédures à suivre pour introduire un recours.» C'est sur cette plainte que nous sommes tombés, hier, lorsque nous avons franchi le portail de l'université des sciences et des technologies Houari Boumediene de Bab Ezzouar (Alger). Tout au long de la matinée, les réclamations n'ont pas cessé de pleuvoir sur M.Hamoula, préposé à l'information au niveau de cette université. La plupart du temps, il répondait à ses solliciteurs par de simples mouvements du menton face à des requêtes qui fusaient de partout. Au premier jour des inscriptions, qui s'étaleront jusqu'au 6 septembre, les quelques nouveaux bacheliers qui s'y sont déplacés pour accomplir cette formalité pédagogique, n'étaient, pour la plupart d'entre eux, point enchantés. «Je suis foncièrement déçue. Je n'ai pas trouvé l'université telle que je l'ai imaginée», se lamentait Linda; arpentant les vastes couloirs à la recherche de l'administration afin de retirer le formulaire du recours. «Jamais je n'accepterai que ma fille soit inscrite dans une filière dont elle n'est pas inspirée», renchérissait le père d'une étudiante, un tantinet embrouillé. A l'abord des choses sérieuses, l'administration de Bab Ezzouar fait un mauvais départ. Rares étaient ceux qui ont approuvé les affectations pédagogiques. Les universitaires n'entendent aucunement consentir par eux-mêmes un choix qui n'est pas le leur. Ils s'engagent, quoique désillusionnés, dans l'ultime tentative de redresser leur sort pédagogique. M.Hamoula, donnant l'air de ne point être incommodé par notre présence, nous invitait incessamment à vérifier «avec quelle justesse nous avons agi». Une fiche de renseignements à la main, il a opposé un démenti formel du fait que des orientations se seraient faites en fonction de la disponibilité des places pédagogiques. «Nous savons au préalable que nous allons accueillir 5500 nouveaux bacheliers. Pour ce faire, dans les meilleures conditions, nous avons pris toutes les dispositions nécessaires», nous a-t-il déclaré. En tous les cas, les avis sont contradictoires. Les uns crient à la désorientation, les autres à la désinformation. Et ce n'est qu'un début. Car il faut s'attendre à une affluence significativement plus importante dans les prochains jours avec toute sa cacophonie. Mesures de sécurité pour certains, crainte de débordements pour d'autres: l'ensemble des issues de l'université étaient strictement gardées par des agents sur le qui-vive. L'accès n'était permis qu'aux nouveaux bacheliers après qu'ils eurent exhibé leur attestation de succès au baccalauréat. «Si nous sommes assez exigeants, c'est dans l'intérêt des étudiants», expliquait un agent de sécurité. Mais l'on se demande pourquoi on est tant sourcilleux sur la sécurité du campus alors que de hauts responsables du ministère de l'Enseignement supérieur, proposent, tambour battant, que les université ouvrent leurs portes au-delà de 20h puisque la situation sécuritaire ... «n'est plus un obstacle». D'où, il est suggéré que cette alerte a pour objectif l'interdiction de l'accès à toute personne «au fait des fantaisies de l'administration», comme l'a supposé Linda; elle qui regrettait de ne pas être accompagnée par l'un de ses proches afin d'être mieux orientée. Du côté de la faculté centrale (Alger), l'administration était sans répondants. Les administrateurs étaient en déplacement à l'université de Bouzaréah en vue d'assister, avec le ministre de l'Enseignement supérieur, M.Rachid Harraoubia, au déroulement des premières inscriptions, mais aussi au dépôt des premiers recours.