Ses ex-collaborateurs, ses amis, ses anciens élèves, des membres de sa famille ont été au rendez-vous avant-hier lors de la cérémonie de recueillement, la treizième depuis son lâche assassinat par les hordes terroristes le 31 mai 1994, alors qu'il était recteur. Salah Djebaïli était de ceux qui ont fortement marqué l'université algérienne. Professeur d'université, directeur du laboratoire d'écologie de l'université des sciences et des technologies Houari Boumediène, directeur général de l'Office national de la recherche scientifique, l'équivalent en France du CNRS, directeur de l'Institut national d'agronomie, le professeur Salah Djebaïli était également l'un des rares cadres de l'Algérie indépendante. Son doctorat en écologie en poche (université de Montpellier), Salah Djebaïli rentre au pays pour apporter sa contribution. Outre son riche CV, le professeur était connu pour son engagement contre les esprits obscurantistes. Son opposition à l'arabisation des filières techniques lui vaudra le ressentiment et la haine viscérale des animateurs de la mouvance islamiste. Ils le désigneront, lui, ainsi que beaucoup de cadres de l'université de Bab Ezzouar à la vindicte intégriste. Une cible à abattre. Une collaboratrice du professeur se souvient de ce jour où Abassi Madani avait fait irruption dans l'enceinte universitaire, transformée par les étudiants acquis au FIS en tribune pour exiger l'enseignement arabisé. Les étudiants avaient dressé sur l'esplanade des cercueils pour jeter l'effroi dans le corps enseignant. Le professeur Djebaïli, imperturbable, refusera catégoriquement de recevoir le n°1 de l'ex-FIS : « Qui est-il pour que je le reçoive, une lumière ? Un Prophète ? », rétorquait Djebaïli aux hystériques militants.