«C'est la qualité de l'éducation qui est le plus grand défi de l'Algérie en matière d'éducation.» Le constat est établi. Le problème de l'éducation en Algérie réside essentiellement dans la qualité des études. L'Algérie a privilégié, dans sa politique, l'aspect quantitatif à l'aspect qualificatif. Le rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l'éducation, Kishor Singh, qui effectuait, depuis une semaine, une visite en Algérie a confirmé hier à Alger, lors d'une conférence de presse, que des points sont positifs et d'autres le sont moins dans le secteur de l'éducation. «L'Algérie figure parmi les pays qui accordent une part importante à l'éducation dans le budget national. Selon les données fournies par le gouvernement l'éducation absorbe plus de 20% du budget national, ce qui place ce secteur en deuxième position des priorités budgétaires après la Défense nationale», a souligné le rapporteur de l'ONU en indiquant que le taux de scolarisation au niveau primaire est excellent, dépassant les 97%. «La parité garçons-filles est largement atteinte à tous les niveaux. Au niveau universitaire, les filles sont même majoritaires et elles réussissent mieux que les garçons. Les femmes sont aussi majoritaires parmi les enseignants au niveau primaire», estime le même responsable, tout en saluant les efforts accomplis par le gouvernement algérien dans la réalisation du droit à l'éducation tant au niveau des infrastructures scolaires et universitaires, que des moyens alloués, y compris des bourses pour les élèves et les étudiants, les manuels scolaires gratuits, le service des transports, etc. Abordant la Stratégie nationale d'alphabétisation (2007-2016) et de sa mise en oeuvre, le même envoyé s'est montré très satisfait. «Tout en liant l'alphabétisation à la formation professionnelle, cette stratégie a conduit à un abaissement louable du taux de l'analphabétisme», explique-t-il en poursuivant ses propos par, «en 2014, ce taux avoisinait 15%. Les associations de la société civile ont également joué un rôle très important dans cette avancée. Je les encourage à poursuivre leurs efforts en ce sens, et j'en appelle aux autorités pour les soutenir». En contrepartie, l'invité de l'Algérie a développé dans son rapport d'évaluation la qualité des études. «C'est la qualité de l'éducation qui est le plus grand défi de l'Algérie en matière d'éducation. Le gouvernement doit en effet de toute urgence répondre à l'impératif de la qualité de l'éducation», en poursuivant dans ce sens que «cela nécessite une refonte de la pertinence et de la qualité de l'enseignement. Il convient de rehausser le niveau d'acquisition scolaire». Dans le même contexte, il a souligné que «le recrutement d'enseignants qualifiés et leur formation continue étant un vecteur fondamental de la qualité de l'éducation, il importe également que le gouvernement améliore en particulier la formation des enseignants». Selon lui, ces derniers doivent aussi être mieux formés pour transmettre les valeurs des droits de l'homme, de citoyenneté démocratique ainsi que les valeurs humanistes que l'on retrouve notamment dans la loi d'orientation sur l'Education nationale de 2008. «Ces valeurs doivent être davantage ancrées dans le système éducatif afin de renforcer la mission humaniste de l'éducation», estime-t-il. Concernant la qualité de l'éducation, toujours est-il que l'une des faiblesses du système éducatif est celui de l'insuffisance d'indicateurs. Ces indicateurs sont indispensables pour le suivi et l'évaluation des progrès accomplis dans la réalisation du droit à l'éducation pour tous. «Dans cette perspective, le développement d'un système de suivi et d'évaluation, si possible informatisé, peut être considéré par le gouvernement. Cela contribuerait à améliorer la qualité de l'éducation», indique encore une autre fois le même rapporteur. Par ailleurs, il a proposé des recommandations aux autorités. «Le gouvernement doit également apporter des solutions aux problèmes de l'abandon scolaire, en particulier des garçons, du redoublement et de la surcharge dans les écoles». «Face à la recrudescence de la violence parmi la jeunesse, je voudrais encourager le gouvernement à promouvoir davantage un esprit de dialogue autour des valeurs de tolérance, compréhension et respect mutuel à travers tout le pays».