Le meurtre ignoble du pilote jordanien, revendiqué par Daesh et filmé dans une vidéo où on le voit en train de brûler vif, soulève, à juste titre, l'indignation et l'horreur de la communauté internationale et, particulièrement, des peuples arabes et musulmans. Qualifié d' «inhumain» et d' «anti-islamique» par l'Iran, cet acte barbare est un véritable affront à l'islam et à son message dont les nobles valeurs sont cruellement ternies et trahies. Après les décapitations, non moins odieuses, des journalistes japonais, peu de jours auparavant, Daesh a donc illustré sa volonté de terroriser les peuples arabes, premières cibles et victimes sacrificielles de son prétendu Califat, concocté dans les laboratoires de l'Oncle Sam, par les mains expertes des mêmes parrains qui avaient, une décennie auparavant, accouché d'El Qaîda. Al Azhar, l'une des plus hautes instances de l'islam, basée au Caire, a, dans son émotion, appelé à «tuer et crucifier» les «terroristes» du groupe Etat islamique (EI), après l'exécution du pilote jordanien. Cheikh Ahmed al Tayeb, grand mufti d'El Azhar, a même recommandé la punition que méritent «ces agresseurs corrompus», telle que «prévue dans le Coran, pour les apostats qui combattent Dieu et son prophète: la mort, la crucifixion ou l'amputation de leurs mains et de leurs pieds». La mort dramatique du pilote jordanien a suscité, également, une réaction unanime de tous les pays membres du Conseil consultatif du Golfe (CCG), depuis l'Arabie saoudite aux Emirats arabes unis en passant par Bahrein et le Qatar, qui ont condamné avec force cet assassinat et affirmé leur «engagement à lutter contre cette idéologie faussée et les organisations extrémistes qui se tiennent derrière elle», exhortant «la communauté internationale à intensifier ses efforts pour combattre le terrorisme». Ce bel unanimisme aurait été davantage convaincant s'il s'était manifesté vingt ans plus tôt, lorsque l'Algérie luttait seule, dans des conditions ô combien contraignantes, à la fois sur les plans financier, militaire et diplomatique. L'Algérie, son peuple et son armée, se souviennent de la chape de plomb qui régnait sur leur combat, durant la décennie sanglante, au cours de laquelle d' infâmes barbares sévissaient dans nos régions, n'épargnant ni femmes ni enfants, pratiquant meurtres, viols et exactions, selon des méthodes que Daesh s'emploie aujourd'hui à perpétrer. Personne dans le Monde arabe, à cette époque, n'avait émis la moindre condamnation, exprimé la moindre compassion envers nos populations meurtries, manifesté un signe quelconque de solidarité, à l'exception, notable et historique, d'un pays frère et voisin, la Tunisie. Il a fallu plusieurs années, lorsque la menace a été graduellement éradiquée, pour que des signes de désaveux fugaces soient consentis et encore, n'étaient-ils le fait que de quelques érudits de l'islam, notamment à Damas. Peu importe, la bête immonde a été vaincue, même si subsistent, de temps à autre, des soubresauts de son cadavre et l'Algérie a tourné la page, sans pour autant verser dans l'oubli. Cette expérience guide et motive l'Algérie quand elle réclame, inlassablement, une riposte collective au terrorisme transfrontalier qui menace la paix et la sécurité de tous les peuples, arabes en particulier. Que ce soit au Sahel, en Afrique centrale ou dans d'autres régions, elle apporte science et conscience dans la lutte contre l'hydre du terrorisme. Tout en condamnant, sans réserve et sans équivoque, l'acte abject qui a endeuillé le peuple jordanien, l'Algérie, forte de son expertise, appelle à une mobilisation régionale et continentale pour en finir avec les ennemis de l'islam, où qu'ils soient.