La situation sécuritaire s'est dégradée de manière dramatique, particulièrement dans la wilaya de Boumerdès. Avant-hier mardi, en fin d'après-midi, donc moins de vingt-quatre heures après l'attaque terroriste ayant coûté la vie dans la ville voisine de Thénia à 7 éléments des ser-vices de sécurité et blessé grièvement 14 autres, deux gendarmes ont été mitraillés par un commando du Gspc au niveau du site balnéaire de Zemmouri. L'attentat s'est produit plus précisément aux environs de 19 heures sur la plage de Dzira, jouxtant le port de pêche et regorgeant en ce mois d'août d'amoureux du farniente. Ce site qui accueillait encore, à cette heure-ci, des vacanciers fuyant la forte canicule, est devenu en quelques minutes, des plus dangereux. Portant des shorts pour ne pas éveiller les soupçons, deux terroristes se faufilèrent entre les estivants et tirèrent à bout portant sur deux éléments de la Gendarmerie nationale qui assuraient, en tenue civile, a-t-on précisé, la protection de cette plage dans le cadre de l'opération Delphine. L'un d'eux est tué sur le coup, alors que l'autre fut touché, selon nos sources, au cou et au thorax. Leur forfait accompli, les deux assaillants s'emparèrent des armes des victimes et d'un poste émetteur transmetteur radio, avant de prendre la fuite en longeant un oued débouchant sur un maquis voisin. Pris de panique, de nombreux habitués des lieux couraient dans tous les sens sans savoir où aller. D'autres personnes, selon des témoins de cet instant tragique, ont manifesté un calme surprenant et une active solidarité envers les victimes. On vilipende les auteurs de cette énième tuerie et on prie le Tout-Puissant de les «punir en ce bas monde et dans l'au-delà». Les deux victimes ont été évacuées, a-t-on appris, vers l'hôpital d'Aïn Naâdja, à Alger. Selon une source proche des forces locales de sécurité qui avaient aussitôt investi les lieux ciblés, cet attentat est attribué à des éléments de la faction locale du Gspc, dénommée El Arkam et commandée par un certain Khelifi originaire de Si Mustapha. Composée de plus d'une vingtaine d'éléments, dont deux nouvelles recrues signalées, il y a un mois, cette section sanguinaire est affiliée à katibat El Arkam. Cette redoutable phalange est supervisée actuellement, nous a-t-on expliqué, par Yahia Abou El Haythem, de son vrai nom Hamid Saâdaoui, notoirement connu à Bordj Ménaïel d'où il a pris le maquis en 1993. Ce chef terroriste, bras droit de Hassan Hattab entre 2001 et 2003, qui brigue lui aussi, selon certaines sources, le poste d'émir national du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc), tente apparemment de faire renaître l'hydre islamiste de ses cendres, après les coups durs qui lui ont été assénés par les forces de l'ANP, notamment en juillet dernier, dans les maquis voisins de Chouicha et Ghazwal. Sa stratégie consiste tantôt à harceler le pouvoir en réunissant sa soldatesque pour planifier des embuscades meurtrières contre les forces de sécurité comme ce fut le cas, durant la nuit de lundi dernier, au village Tamsaout relevant de Thénia, tantôt à semer la terreur au sein de la population, avec pour exemple le faux barrage meurtrier, dressé il y a moins de deux semaines à Souk El Had, et qui s'ajoute à d'autres exactions commises à Chabet El Ameur, Corso et Fouaisse. Chose inquiétante, révoltante. A Boumerdès particulièrement, ce mois d'août, est jalonné d'attentats: 14 morts au total et plus d'une trentaine de militaires et policiers blessés, dont huit au maquis de Sidi Ali Bounab. C'est le bilan d'une résurgence de l'islamisme armé dont la menace était, il y a quelques semaines, diffusée selon des informations recoupées. C'est aussi, semble-t-il, la conséquence d'une certaine autosatisfaction affichée depuis quelques années, par rapport à la situation sécuritaire. La classe politique et la société tout entière, ne devraient-elles pas bouger dans le bon sens pour l'éradication définitive de la gangrène terroriste?