Les deux Algériens vont tenter de réaliser un exploit dans leurs finales respectives. L´athlétisme de la 28e olympiade se terminera aujourd´hui, avec ses compétitions, du moins en ce qui concerne celles programmées au stade olympique. Demain, ce sera l´ultime épreuve, celle du marathon messieurs dont le départ sera donné, justement, de la ville de Marathon située à 42 km de la capitale grecque et dont l´arrivée sera jugée dans le vieux stade de Panathinaïka qui avait servi de cadre aux compétitions des premiers jeux Olympiques de l´ère moderne en 1896. La journée d´aujourd´hui pourrait valoir à l´Algérie une, voire deux satisfactions dans la mesure où elle aura trois finalistes engagés dans deux courses différentes. La première est le 5000 m messieurs, programmée à 21h05 locales (19h05 en Algérie dans laquelle seront engagés Ali Saïdi Sief et Samir Mousaoui). Sief face aux ténors Il est incontestable que cette course aura un grandissime favori en la personne de l´Ethiopien Kenenisa Bekele, le champion olympique du 10.000 m, détenteur du record du monde de la spécialité en 12´37´´35 établi le 31 mai dernier à Hengelo aux Pays-Bas. Celui-ci pourrait être d´autant plus hors de portée qu´il aura à ses côtés un lièvre de valeur, à savoir son compatriote Gebre Gebremarian, auteur du remarquable chrono de 12´55´´59. Autre athlète à surveiller, l´Australien Craig Mottram, dont le meilleur temps sur la distance est de 12´55´´72. Enfin, il y aura le Marocain Hicham El Guerrouj qui vaut 12´50´´24 mais qui, cette saison, n´a jamais couru officiellement le 5000 m. El Guerrouj qui a déjà rempli son contrat en remportant le 1 500 m pourrait se mettre en roue libre et ne pas tenter de trop se dépenser, d´autant qu´il a encore des meetings à disputer. Face à une telle panoplie d´adversaires, quelles seront les chances de nos deux compatriotes? Avouons que pour Moussaoui, elles seront minces pour ne pas dire nulles, ce garçon s´estimant déjà satisfait d´avoir accédé à une finale olympique. Pour Saïdi Sief, c´est jouable. En demi-finale, il a en effet donné l´impression d´avoir passé un cap difficile. Il a, non seulement bien couru, mais en plus, il s´est permis de remporter sa demi-finale, la deuxième du programme dans le temps de 13´18´´94, le meilleur des deux courses. Interrogé par nos soins immédiatement après sa victoire de mercredi soir, Saïdi Sief nous a dit qu´il avait obtenu ce qu´il était venu chercher. «Je viens de passer deux moments difficiles. Pendant deux ans, j´étais pratiquement dans un état de léthargie. Le fait de passer en finale me comble de bonheur. C´est comme si je suis sorti d´un puits où l´on m´avait oublié. Aujourd´hui, je me sens bien. J´étais moins stressé que lors de mes précédentes sorties. C´est pourquoi j´ai attaqué en fin de course pour battre Eliud Kipchogue, le Kenyan qui est le champion du monde en titre de la spécialité». Interrogé sur ce qu´il fera en finale, Saïdi Sief aura cette réponse: «En finale, les deux Ethiopiens vont sûrement donner un rythme élevé à la course. Je vais tenter de les suivre et essayer de faire partie du bouquet final. Là, l´obtention d´une médaille sera possible pour moi. Maintenant, si je venais à échouer, je n´en ferais pas un drame car cette finale est déjà pour moi un symbole de réussite. Pour ce qui est d´une possible entente avec Moussaoui, je ne pense pas qu´elle pourra se faire. La course va être rapide. Nous devrions nous battre, chacun de son côté.» L´autre finale qui nous intéresse aujourd´hui, est celle du 800 m messieurs avec la présence de Djabir Saïd Guerni. S´il y a quelqu´un qui est passé de l´inquiétude au réconfort, c´est bien lui. Mercredi, lors des séries de la spécialité, il n´a terminé que 3e de sa course dans le temps de 1´45´´94. C´était la 3e série. Il lui a fallu attendre que six autres se disputent pour savoir s´il était qualifié pour les demi-finales car le système n´ouvrait le passage à celles-ci qu´aux deux premiers de chaque série ainsi qu´aux six meilleurs temps. Or, dès les deux séries qui ont suivi la sienne, il y avait 5 coureurs qui avaient établi une meilleure performance que lui. Sa chance a été que dans les cinq dernières séries, aucun concurrent ne fit mieux que lui. C´est ainsi que le champion du monde en la spécialité, qui n´a pas su résister à l´accélération finale dans sa série, du Kenyan Mutua et du Britannique Soos, s´était retrouvé en demi-finale en réalisant le 6e et dernier temps des qualifications. Ce Djabir Saïd Guerni donnait de l´inquiétude à son entourage et à ses supporters qui se demandaient s´il allait pouvoir tenir le coup lors des demi-finales programmées jeudi soir. Refaire le coup de Saint-Denis Engagé dans la première des 3 courses aux côtés du Sud- Africain Mulaudzi, médaillé de bronze aux mondiaux de Paris l´an dernier, le champion du monde de la spécialité s´est métamorphosé par rapport à sa piètre sortie de la veille. Etant dans le coup depuis le départ, il attaqua à 200 mètres du but pour prendre la tête et ne plus la lâcher jusqu´à l´arrivée. Sur cette course-là, Djabir a rassuré tout son monde et aujourd´hui en finale, il peut envisager un résulta probant et, pourquoi pas, une médaille. Mais l´épreuve sera dure et les adversaires de qualité avec le recordman du monde, le Danois Kipketer, le Kenyan, Bungei, le Russe Borza Kovsky, le Marocain Chehibi et le Sud-Africain Sepeng. L´Algérien ne doute cependant pas de son retour en force. «Après mon entrée en catastrophe, nous a-t-il dit, aujourd´hui je me suis repris et confirmé qu´il fallait compter sur moi. Lors des séries, je n´arrivais pas à m´expliquer ce qui s´était produit. J´avais beau essayé de revenir sur les premiers, je n´y arrivais pas. Là, en demi-finale, j´ai retrouvé mes sensations. J´ai attaqué au moment où je voulais et j´ai pu dominer mes adversaires. Après le meeting de Zurich, je ne vous cache pas que j´avais des doutes. Aujourd´hui, je me sens bien et prêt à relever le défi en finale. Celle-ci sera, d´après moi, très ouverte. Le 800 m est une course où de nombreux athlètes se volent. Je vais tenter de donner le meilleur de moi-même. En tout cas, cette place de finaliste relève du miracle si l´on considère le peu de moyens dont nous disposons en athlétisme. Mes camarades ne veulent pas peut-être s´exprimer sur la question, mais moi je préfère dire ce que j´ai sur le coeur.» A noter que Djabir a, à l´issue de sa demi-finale victorieuse, a été soigné pour une estafilade sur le mollet droit. «C´est quelqu´un qui m´a touché avec une pointe. Il y avait beaucoup de sang et il est possible qu´on suture la plaie. Mais sachez que cela ne m´empêchera pas de participer à la finale». On notera que mercredi soir, Nabil Madi, 5e de sa série du 800 m en 1´47´´03 n´avait pu se qualifier pour les demi-finales. Jeudi soir, ce fut au tour de Nahidja Touhami de céder en demi-finale du 1 500 m dames. Huitième de sa course dans le temps de 4´07´´21, elle rata de peu le passage aux demi-finales car l´épreuve dans laquelle elle était engagée a été plus rapide que la première et son temps est même meilleur que celui de la cinquième qualifiée de l´autre demi-finale.