Les cours de l'or noir se sont repris au lendemain d'une offensive diplomatique d'envergure de l'Algérie pour mettre fin à leur dégringolade alors qu'une probable baisse de l'offre pointe le bout de son nez. Les prix du pétrole ont-ils fini de jouer au yoyo? «Un jour, cela monte, un jour cela descend, et on a du mal à trouver des raisons à des fluctuations aussi importantes», a reconnu Bart Melek, de Commondity Strategy TD Securities. Les experts sont désarçonnés par les «sautes d'humeur» du baril. Ses sursauts trouveraient néanmoins leur explication dans l'annonce de la réduction des investissements des grandes compagnies pétrolières. La surabondance de l'offre a provoqué une dégringolade des prix qui a forcé plusieurs groupes pétroliers à annoncer des coupes budgétaires. Le groupe français Total compte procéder à une coupe très importante de ses coûts et investissements cette année. Elle doit se traduire par une réduction de ses effectifs, conséquence d'une forte baisse de ses résultats en 2014 provoquée par la dégringolade des cours du pétrole, qui ont diminué de moitié depuis le mois de juin 2014. La 11ème entreprise mondiale devra réduire ses effectifs de 2000 personnes en 2015, par le biais d'un gel des embauches dans l'exploration-production et le raffinage-pétrochimie. «Nous avons décidé de geler nos embauches. Alors geler, cela ne veut pas dire zéro. (...) Geler, cela veut dire une division par cinq à six de nos recrutements, dans l'amont, dans le raffinage-pétrochimie, et dans le marketing-services dans les zones matures, c'est-à-dire l'Europe», a déclaré jeudi dernier son nouveau P-DG, Patrick Pouyanné. «Toutefois, cela va mettre du temps avant de déboucher sur une baisse de l'offre», a indiqué Gene McGillian, de Tradition Energy. Les cours de l'or noir se sont malgré tout repris au lendemain d'une offensive diplomatique d'envergure de l'Algérie pour mettre fin à leur dégringolade alors qu'une probable baisse de l'offre pointe le bout de son nez. Hier, en début d'après-midi, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril valait 60,30 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, affichant ainsi une hausse de 1,02 dollar par rapport à la clôture de jeudi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de Light Sweet Crude (WTI) pour livraison en mars gagnait 75 cents à 51,96 dollars. Le 12 février ils avaient bondi de plus de deux dollars (2,37 dollars à New York et 2,39 dollars à Londres). «Le marché du pétrole est soutenu par le resserrement de l'offre perçu et actuel», notaient les analystes de PVM. Si les bonnes prévisions pour les perspectives économiques (mondiales) deviennent une réalité, le marché pourrait se resserrer et cela pourrait se traduire par des prix du pétrole plus élevés» a fait remarquer le directeur de Shell, Ben van Beurden. «Le pétrole était sous-évalué depuis un moment», a souligné Carl Larry de Frost & Sullivan. «Je crois que l'on est à un tournant, encouragé par une amélioration de l'économie avec aujourd'hui de bons chiffres en Allemagne et dans l'ensemble de l'Europe...Cela laisse penser que la demande de pétrole va reprendre.». L'Algérie, qui risque de pâtir de cet effondrement des prix du pétrole avait appelé l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, qui avait décidé de laisser inchangé son plafond de production lors de la réunion qu'elle avait tenue le 27 novembre 2014 à Vienne, en Autriche, à agir. «L'Opep doit intervenir pour corriger les déséquilibres, en procédant à une coupe de sa production afin de faire remonter les prix et de défendre les revenus de ses pays membres», avait déclaré le 27 décembre dernier le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi.