La chute brutale des prix du pétrole continue de provoquer une onde de choc mondiale. Le cours du baril de brent de la mer du Nord a chuté en un peu plus de six mois de près de 60%, de 115 à moins de 50 dollars. Parmi les principaux perdants, les pétroliers, les fournisseurs du secteur dont la plupart ont déjà annoncé des mesures plus ou moins draconiennes. Dernier en date, la major américaine Chevron a annoncé avant-hier une réduction de 5 milliards de dollars de ses investissements pour 2015 afin de faire face à la chute des prix. L'an dernier, le groupe pétrolier avait investi 40,3 milliards de dollars dans ses projets d'exploration pétrolière. En un an, la diminution est de 13%. La chute des prix du brut a fait reculer de 10,2% à 19,24 milliards de dollars le bénéfice net de Chevron en 2014. L'impact a été beaucoup plus important au quatrième trimestre, avec une chute du bénéfice net de 29,6% à 3,5 milliards de dollars. Le géant pétrolier français Total n'est pas en reste. Celui-ci va diminuer ses dépenses d'exploration de 30% en 2015, a fait savoir Patrick Pouyanné, PDG du groupe dans un entretien au journal Le Monde. Ces deux dernières années, les dépenses d'exploration étaient de 2,8 milliards de dollars. Le groupe français prévoit de façon plus générale de réduire ses dépenses d'investissement de 2 milliards à 3 milliards de dollars par rapport aux 26 milliards de dollars de l'an dernier. La société, qui continue à perdre de l'argent avec son activité de raffinage, prévoit également de restructurer ses sites français et fera des annonces au printemps, selon Patrick Pouyanné. Avant lui, c'est le groupe anglo-néerlandais, Royal Dutch Shell, qui avait annoncé jeudi dernier une réduction de plus de 15 milliards de dollars de ses investissements en trois ans, après une chute de son bénéfice net en fin d'année dernière sur fond de plongeon des cours de l'or noir. Le directeur général de Shell, Ben van Beurden, a évoqué le report ou l'annulation de 40 projets pendant ces trois années. Des projets au Nigeria seront repoussés et Shell s'est d'ores et déjà retiré d'un projet en eau profonde au Brésil. Le groupe avait annoncé, à la mi-janvier, avec son partenaire Qatar Petroleum, qu'il renonçait à l'important projet pétrochimique Al-Karaana au Qatar, d'une valeur de 6,4 milliards de dollars, et dans lequel le groupe anglo-néerlandais devait posséder 20%. En 2014, le bénéfice net du groupe a diminué de 8%, à 15,052 milliards de dollars, et surtout a plongé de 57% lors du seul quatrième trimestre au cours duquel ses revenus ont été affectés par le déclin significatif des prix du pétrole. Le groupe est loin d'être le seul à souffrir de la dégringolade des cours. Numéro trois du secteur pétrolier américain, ConocoPhillips a annoncé une réduction de 2 milliards de dollars dans ses dépenses en 2015 en invoquant la déroute du marché pétrolier. ConocoPhillips a enregistré son premier déficit trimestriel depuis 2008 et va réduire ses dépenses de 30%. Idem pour la compagnie pétrolière italienne ENI qui prévoit de diminuer ses investissements d'environ 10-15%, a déclaré son administrateur délégué, Claudio Descalzi. Alors que le groupe pétrolier britannique BP compte engager des restructurations et geler les salaires de ses 84 000 salariés, le groupe de services pétroliers franco-américain Schlumberger va supprimer 9000 postes et le n°3 mondial des services pétroliers Baker Hughes prévoit de supprimer 7000 postes.